lundi 22 octobre 2007

Les zigzags des rêveurs

Nous suggérons aux internautes de faire une analyse des deux exemples qui suivent au sujet des nouveaux partis politiques indépendantistes qui veulent voir le jour en ce moment. Quelle vaste fumisterie ! De quoi veulent-ils parler exactement ? Essayer de comprendre. Ils ne font que palabrer. Dans les faits, sont-ils prêts à mettre la main à la pâte pour éduquer et former des citoyens et des citoyennes aux fondements de l’indépendance des nations ?

Les indépendantistes palabrent. C’est à peu près tout ce qu’ils font. Quand mettrons-nous fin à ce cercle médiatique des égos ?

Deux exemples :

1. Des États Généraux pour refonder un parti indépendantiste. Suite à ce refus récurrent d’assumer les exigences du combat indépendantiste, un grand nombre de souverainistes ne voient plus le parti québécois comme un véhicule de leurs aspirations
Gilbert Paquette Tribune libre de Vigile, dimanche 6 mai 2007 784 visites 11 messages

(Texte publié dans Le Devoir du samedi 12 mai 2007)

« Le Parti Québécois offre actuellement un spectacle désolant qui affecte l’ensemble du mouvement souverainiste ! Au lieu de tirer les conclusions qui s’imposent, le chef du parti Québécois et son entourage sont engagés dans une entreprise de division. Incapables de faire avancer la souveraineté parce qu’ils ne savent plus comment en parler, et surtout quels gestes poser, on les voit parler de mise en veilleuse de toute démarche souverainiste, s’attaquer à d’autres indépendantistes, voire souhaiter des départs du parti. On voudrait couler le principal véhicule de la souveraineté qu’on ne s’y prendrait pas autrement. »
Où est-il monsieur Gilbert Paquette ?
Y a-t-il quelqu’un qui l’a vu récemment ?

Cinq mois plus tard…

2. Chronique de Raymond Poulin
Un coup de sang ( http://www.vigile.net/Un-coup-de-sang )
Vigile.net 20 octobre 2007 15 messages et c'est pas fini !

« Il ne suffit surtout pas que continuent à se créer des mouvements, des partis ou des particules se prétendant davantage pur jus ou plus pressés les uns que les autres ; si la solution se trouvait là, l’indépendance serait faite depuis longtemps : comptez le nombre de sites, d’organisations et maintenant de partis promouvant la (...) »
  • Lire les commentaires de Bruno Deshaies.

Vous écrivez [M. Raymond Poulin] : « si les intellectuels sont précieux et même essentiels dans ce combat, c’est tout de même la foule anonyme qui fera (ou non) l’indépendance ». Concedo. Toutefois, l’idée de transformer une situation d’annexion pour un peuple qui est soumis à un tel statut depuis près de deux siècles et demi n’est pas une mince tâche. Vigile et les Vigilistes ont du pain sur la planche. Accéder au statut d’indépendance pour les Québécois exige une préparation mentale et certaines connaissances historiques.

Allez demander à monsieur Raymond Poulin de le rencontrer,
il vous répondra que le moment n’est pas venu.


Que sera demain ?

Les débats sur l’indépendance au Québec ressemblent à une pensée cyclique, récurrente et insuffisante. Les Québécois radotent. Les Québécois-Français font du recyclage d’idées périodiquement – ils se répètent sans arrêt. Ils rejettent même la création d’une Chaire de l’indépendance du Québec qui pourrait mettre de l’ordre dans nos idées reçues. Ils condamnent les « purs » sans restriction, comme si l’indépendance était une pureté en soi. L’indépendance est un fait de l’existence, non une pureté. Être indépendant, c’est vivre par soi-même avec les autres, mais libre. Ce qui est vrai pour un individu est aussi vrai pour les nations.

Les indépendantistes doivent apprendre à répondre à la question suivante :

Pouvez-vous nous dire ce que c'est que l'indépendance ?


Bruno Deshaies
Montréal, 22 octobre 2007

mercredi 10 octobre 2007

La nation civique québécoise et le « nous » de Bernard Landry

L’article de monsieur Bernard Landry portant sur « Le véritable « nous » » (cf. RÉF.) ne nous convient ni ne nous convainc guère. Sans s’en rendre compte, il fait de la nation civique une question ethnique ! Cette nation civique étant québécoise fait des exceptions : les Amérindiens et les Inuits. Tandis que « tous les autres citoyens du Québec font partie de notre nation » parce qu’« ils n’ont pas, comme tels, de droits particuliers ». Il y a toutefois une autre exception : les Anglo-Québécois. Or, cette « minorité historique anglophone […], selon les termes de monsieur Landry, jouit d'un « statut linguistique différent ». Il soutient même que « les deux tiers sont bilingues ».

Il est difficile de comprendre comment le « nous » formel de la nation civique québécoise aurait des « contours juridiques faciles à définir », mais ce ne serait « pas suffisant pour désigner le périmètre de quelque nation que ce soit ».

Partant de l’idée qu’ « une nation n’est pas que civique », il est conduit à la définir en termes sociologiques, surtout culturels. De là, il expose sa théorie du non-multiculturel et du multiethnique évidemment. Finalement, ses considérations se perdent dans « le métissage avec des Amérindiens…. La conquête britannique nous amena des Anglais, des Écossais, des Irlandais… L’époque contemporaine nous a donné des gens d’Europe de l’Ouest et de l’Est […] [des] survivants de la Shoah… […] des compatriotes dont les racines sont aux Caraïbes, en Afrique, en Asie et en Amérique latine ». La question n’est finalement que sociale. Il s’agit de savoir comment se passe l’intégration. Puis le « nous » fait partie du tout ! Vu sous cet angle, il nous reste quoi ?

– Le Québec n’est pas bilingue ! Le Québec est francophone ! Cependant « à Montréal, la moitié des immigrants travaillent en anglais » ! Dans le monde scolaire : « Quarante pour cent de ceux qui ont fréquenté les écoles primaires et secondaires francophones vont au collège en anglais. » Pourtant, la langue officielle au Québec est le français.

Ce pénible raisonnement emberlificoté de nombreux concepts imprécis et parfois creux nous conduit laborieusement à « une belle forêt » où il ne faut surtout pas « jeter nos souches dans le feu de la Saint-Jean ».

Si monsieur Landry avait une idée plus complète de la nation au sens intégral, il aurait su que la nation au sens sociologique ne le conduira jamais à la souveraineté politique complète du Québec. Il fait du souverainisme culturel sur la base d’une certaine notion de la nation au sens général qui est un groupe humain – les Québécois-Français – qui est arrivé à se reconnaître distinct. En ce sens, il ne conçoit qu’un aspect de la nation qu’il limite au culturel surtout. Or, l’agir par soi de la nation au sens intégral doit être possible dans les trois grands domaines de la société civile : 1. le politique, 2. l’économique et 3. le culturel, – et tout cela tant à l’interne qu’à l’externe.

La nation au sens intégral vise la maîtrise suffisante dans tous les domaines, sans exception. L’abondance culturelle du Québec-Français ne fera jamais de la nation québécoise une nation indépendante tant et aussi longtemps que l’état et la société québécoise ou la population québécoise-française ne prendront pas complètement en mains la vie politique, la vie économique et la vie culturelle. Seule la maîtrise et la défense de ces trois VIES pourra faire du Québec une nation indépendante. En dehors de ce credo, c’est toujours une forme quelconque d’annexion dans le fédéralisme avec toutes ses conséquences de limitations de VIE collective INDÉPENDANTE. Le seul VRAI combat, il est là.

En complément : Bruno Deshaies, Commentaire. – Nation, nationalisme et indépendance.
– Annexion et science historique. Référence :
http://www.vigile.net/De-l-affirmation-a-l-independance

Opinion

Le véritable «nous»
Bernard Landry, Ancien premier ministre du Québec
Le Devoir, Édition du mercredi 03 octobre 2007


L'usage du mot «nous» pour désigner les membres de la nation civique québécoise est incontournable: il englobe toutes les personnes de citoyenneté canadienne -- et j'espère bientôt québécoise -- qui habitent notre territoire. Seuls, quelque 75 000 citoyens ont une autre appartenance. Ce sont les Amérindiens et les Inuits qui habitent des portions désignées de notre sol que nous gérons de concert avec eux. Ils ont leurs propres nations, plus vieilles que la nôtre et formellement reconnues par notre Assemblée nationale depuis 1985.


Beaucoup plus que civique

Sous peine de dérives inacceptables, tous les autres citoyens du Québec font partie de notre nation, sont régis par les mêmes lois et ont les mêmes droits. La minorité historique anglophone, environ 10 % de la population, dont les deux tiers sont bilingues, jouit d'un statut linguistique différent. Quant aux Québécois issus de l'immigration, ils n'ont pas, comme tels, de droits particuliers puisque, en accédant à notre espace civique, ils acquièrent les mêmes que tout le monde. Beaucoup plus que civique Il est évident que ce «nous» formel aux contours juridiques faciles à définir n'est pas suffisant pour désigner le périmètre de quelque nation que ce soit. Une nation n'est pas que civique. C'est un groupe humain constitué au fil des ans et qui se définit par une foule d'autres facteurs plus complexes, comme la culture, la langue, l'histoire, la solidarité socio-économique, les rêves et les projets communs. Ce sont toutes ces autres dimensions du «nous» que les nouveaux arrivants, avec notre aide fraternelle et vigilante, ont le devoir d'assumer selon des rythmes divers et des degrés variables.

Multiculturel, non

Toutes les mutations qu'on attend d'eux, dont la connaissance de la langue est la plus urgente, ne peuvent pas être réalisées à court terme, mais leur nécessité doit être connue et acceptée des migrants avant même qu'ils n'arrivent ici. Une telle intégration est évidemment incompatible avec le multiculturalisme qui tend à l'entraver. Le Canada est le seul pays au monde à avoir commis l'imprudence d'inclure un tel concept dans sa constitution que le Québec n'a d'ailleurs jamais acceptée. Peu de gens d'ici s'acharnent encore à défendre une thèse aussi «perverse et néfaste», selon l'expression de Jean-Claude Corbeil, et tout autant réprouvée par le juriste Julius Grey que par Neil Bissoondath qui la décrit comme «la plus grande barrière à l'intégration parce qu'elle crée des ghettos et impose des stéréotypes».

Le métissage avec des Amérindiens en fut un des premiers jalons. La conquête britannique nous amena des Anglais, des Écossais, des Irlandais. Puis, surtout après la Seconde Guerre mondiale, des gens d'Europe de l'Ouest et de l'Est ont rejoint notre espace national. Un grand nombre de survivants de la Shoah sont venus s'établir ici malgré le «none is too many» de Mackenzie King.

L'époque contemporaine nous a donné des compatriotes dont les racines sont aux Caraïbes, en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Les cas d'intégration parfaite et exemplaire ne se comptent plus. Mais toutes ces heureuse additions ne doivent en rien atténuer l'importance déterminante des souches initiales et de leur parcours historique. Le contraire, en plus d'être une négation du réel, serait d'une odieuse ingratitude.

Bilingue, non

Pas plus que multiculturel, le Québec n'est bilingue. Il est francophone et, depuis Robert Bourassa le français est formellement sa langue officielle après avoir été, dans les faits et depuis toujours, sa langue nationale commune. Prétendre le contraire ne pourrait que faire du nouvel arrivant une victime, en lui faisant croire qu'il peut, sans conséquence, choisir une autre langue d'usage que celle de son nouveau pays. La réalité, quoique très améliorée par la loi 101, demeure préoccupante: à Montréal, la moitié des immigrants travaillent en anglais, et une majorité d'allophones en font leur langue d'usage. Quarante pour cent de ceux qui ont fréquenté les écoles primaires et secondaires francophones vont au collège en anglais. Ce n'est bon ni pour eux ni pour l'ensemble de la nation. Il faut trouver des moyens de corriger ces inquiétantes anomalies.

Et ailleurs...

Tous les pays d'immigration s'imposent le devoir d'intégrer les nouveaux arrivants et ne cherchent pas à les leurrer, comme le Canada, par un multiculturalisme constitutionnalisé. La France et les États-Unis, entre autres, pratiquent une plus grande vigilance que nous en exigeant des nouveaux arrivants des compétences linguistiques et civiques préalables à l'accès à la citoyenneté. Comment bien exercer, notamment, le droit et le devoir fondamental de voter si on ne sait rien des institutions et qu'on ne peut suivre les débats médiatiques qui jouent un rôle si fondamental dans nos démocraties?

Tout assumer

À terme nos nouveaux compatriotes sont donc conviés à tout assumer. Suivant leur niveau culturel et d'éducation, ils sont invités à connaître aussi bien Champlain et Frontenac que Jeanne-Mance et Marguerite d'Youville. Ils doivent chercher à intégrer peu à peu à leur nouveau bagage historique aussi bien les Patriotes que Jean Lesage et René Lévesque. Ils doivent tenter d'inclure Félix Leclerc, Gaston Miron, Maurice Richard et les autres dans leur québécitude en construction. On sait évidemment qu'ils n'oublieront jamais complètement leur terre d'origine, et c'est tant mieux car ces diverses réminiscences nous enrichissent tous.

Une belle forêt

Les devoirs et les défis de l'intégration sont donc aussi essentiels qu'exaltants, et ils constituent une condition préalable à une vie nationale harmonieuse. Il ne saurait être question de «jeter nos souches dans le feu de la Saint-Jean», comme l'a dit en 1999 Gérard Bouchard, qui devra maintenant proposer quelque chose de plus conforme à notre destin à l'issue de la commission qu'il préside avec Charles Taylor, lui-même descendant de Madeleine de Verchères!

Tous deux devraient plutôt présenter nos souches comme le terreau initial d'une belle forêt laurentienne, majoritairement peuplée de ses espèces vernaculaires, mais toujours désireuse de les enrichir d'essences exotiques à condition qu'elles s'y acclimatent comme le veut la sagesse de la nature elle-même.

Bernard Landry, « Le véritable « nous ». Le Devoir, mercredi 3 octobre 2007 (« Opinion »).
Source :
http://www.ledevoir.com/2007/10/03/159180.html ou http://www.vigile.net/Le-veritable-nous

jeudi 13 septembre 2007

Le Premier Canada (1/5)

Le Premier Canada (1/5)
Un Canada français constitue un « système un ».

Chronique du jeudi 13 septembre 2007 (Cf. Vigile.net : http://www.vigile.net/Le-Premier-Canada-1-5 )

Le Canada en Nouvelle-France
« Un gouvernement colonial, concedo ;
les chefs sont nommés par la métropole, c’est vrai,
mais on recherche les intérêts d’un seul Canada. »

Nous présenterons au cours des cinq prochaines semaines, la vision de l’historien Maurice Séguin portant sur l’histoire des deux Canadas, dont le premier Canada fut cette société coloniale française en Nouvelle-France, comme colonie de la France. La « synthèse générale de l’évolution politique et économique des deux Canadas » est divisée en deux parties : la première, « Avant 1760 : Un Canada » et, la deuxième, « Après 1760 : Deux Canadas ». Cette distinction est fondamentale pour tous ceux et celles qui souhaitent comprendre l’histoire actuelle du Québec.

En une dizaine de pages, Maurice Séguin dresse le bilan de l’histoire du Canada avant 1760 en insistant principalement sur les traits principaux de cette colonisation française plutôt que sur le récit chronologique des événements de la vie quotidienne en Nouvelle-France. Il étudie systématiquement l’affrontement entre deux colonisations qui a conduit à la Conquête de 1760, puis à la naissance du Canada-Anglais, c'est-à-dire du « deuxième Canada ». Ce Fait considérable a marqué définitivement la fin du régime français pour les Canadiens. Comme l’a écrit l’historien Guy Frégault, collègue de monsieur Séguin au Département d’histoire de l’Université de Montréal, dans La société canadienne sous le Régime français : « En 1763, il reste des Canadiens, il ne reste plus de Canada. » (Brochure No 3 de la Société historique du Canada, 1954.)

Mais en 1608, comme l’écrit Maurice Séguin : « La France projette une nouvelle province, une colonie apte à devenir une nation. » Pour ce faire, il observe la nature et la situation de cette colonie et de la colonisation française en Amérique du Nord. Il constate d’abord la naissance d’une colonie « intégrale ». Il indique d’entrée de jeu que « Tout est là. » avant 1760. Il s’agit bien d’UN seul Canada – français – s’il est besoin d’ajouter. Le Fait marquant consiste en cette idée fondamentale qu’il existe « une autorité coloniale qui défend contre l’Angleterre la vie du Canada français ». Autrement dit, une colonie française prend naissance au Canada sous l’égide de la Métropole française. Ainsi est lancée l’aventure de la colonisation française en Amérique du Nord.

Bruno Deshaies


HIST 585 Introduction à l’histoire du Canada

Maurice Séguin

SYNTHÈSE GÉNÉRALE
de l’évolution politique et économique
des deux Canadas


Nos efforts vont porter sur les grandes courbes : c’est une histoire légitime. Les détails sont nécessaires pour satisfaire l’esprit, mais nous manquons trop souvent de l’esprit de synthèse…

SOMMAIRE

AVANT 1760 : UN CANADA

A.- Étude générale de ce seul Canada

I – Colonie de même nature que les autres à la même époque
II – Une colonie de style différent
III – Une colonie de différente intensité

B.- Dans un contexte d’intense conflit international

I – Irréductible conflit d’intérêts
1. En Europe
2. En Amérique

II – Forces supérieures du monde anglais
1. En Europe
2. En Amérique

III – Probabilités – retrait ou abandon total

IV – Premier choc entre les 2 mondes
– Causes
– Résultats
– Abandon total

V – Deuxième choc
– Causes
– Résultats
– Abandon total
C.- 1760 Résultats

I – Résultats mondiaux
1. Triomphe de l’« Anglo-Saxondom »
2. La plus grosse défaite du monde français

II – Résultats européens
1. Hégémonie de l’Angleterre
2. Fin de la courte hégémonie française

III – Résultats américains
1. Pour l’Amérique anglaise
2. Pour l’Amérique française (surtout le Canada)
– Atteint en tant que colonie intégrale organisée
– Inévitable formation d’un Canada-Anglais, accident, séparatisme
– Le schisme anglais fait rebondir mais ne modifie pas essentiellement
– Pièges psychologiques :
- Majeurs : 1) La « simplicité incompréhensible », le changement d’empire.
2) Fédéralisme – épanouissement
- Mineurs :

Synthèse générale

Nos efforts vont porter sur de grandes courbes ; c’est une histoire légitime. Les détails sont nécessaires pour satisfaire l’esprit, mais nous manquons trop souvent de l’esprit de synthèse…

AVANT 1760 : UN CANADA

Tout est là. Donc pas question d’infériorité économique ou culturelle à l’intérieur.
Il pouvait bien y avoir :
- infériorité de voisinage (quelle nation en est exempte) ;
- sentiment de tutelle par la mère-patrie (situation de l’enfant à l’endroit de ses parents).

A.- Étude générale de ce seul Canada

I – Une colonie de même nature que les autres à la même époque

Colonie de même nature que celles qui existaient à la même époque : la colonisation du Canada (la vallée du Saint-Laurent) représente un phénomène de même nature que la colonisation des autres colonies (comme les colonies d’Angleterre, d’Espagne ou du Portugal).

1- similitude :
(en comparaison avec la colonisation anglaise)

a) de cause : deux métropoles de même nature, deux nations d’Europe parvenues à peu près au même degré de civilisation, deux organismes sociaux, deux organismes économiques, deux cultures… semblables.

b) d’intention : les deux métropoles poursuivent le même but, qu’il soit visé spontanément ou lucidement. Ce qu’elles recherchent : établir des populations, des provinces d’outre-mer (pas question de fonder des nations qui seront un jour indépendante).

c) de peuplement :

2- caractères généraux similaires :

La France projette une nouvelle province, une colonie apte à devenir une nation.

Le Canada est devenu :

a) une colonie « organique » :

Il ne s’agit pas ici d’envoi d’individus, de colons français qui vont entrer dans un autre organisme. C’est l’organisation d’une société civile, d’un organisme politique qui doit encadrer une collectivité par l’organisation de cadres politiques, économiques, culturels ; c’est aussi l’organisation d’une société religieuse. Ce ne sont donc pas des immigrants…

b) une colonie « intégrale » : au civil.

Un organisme doué de toutes ses parties, complet.

Secteur économique : un système complexe canadien bâti par la France ; il a ses racines dans la Métropole et est orienté jusqu’à un [certain] point sur les besoins de la Métropole.

Nécessité du rôle de l’agriculture : c’est logique au début (même chose aux États-Unis). Il faut non seulement nourrir les colons, mais c’est la façon la plus économique de faire travailler les gens… c’est partout d’ailleurs l’époque de l’agriculture.
À la conquête 80 % étaient des ruraux,

Rôle du commerce :

Au début la fourrure, puis le blé et la farine. La colonie ne peut produire tout ce dont elle a besoin… il faut acheter de l’extérieur… il faut un surplus de marchandises pour exporter… Il se crée bien vite une bourgeoisie, une classe d’hommes d’affaires. Les grands commerçants sont les premiers à prendre le nom d’habitants ; ils [constituent] le premier corps organisé… les bourgeois de Québec et de Montréal.

L’État métropolitain va favoriser le développement économique de la colonie ; ses représentants ne travaillent pas toujours 100 % à cela – certains sont corrompus, mais c’est l’intérêt même de la métropole que de travailler au développement économique de la colonie : le développement économique du Canada français. Une armée qui garde et protège ce développement ; il s’appuie sur les capitaux français. Nous étions maître de notre vie économique.

L’État métropolitain organise (Talon) : l’intendant est nommé par la France, mais il travaille au développement de la vie canadienne, 100 % de pouvoir ; il n’a pas à composer, à partager. Toute la taxation employée à la vie canadienne… les rivaux sont à la frontière. Nous sommes maîtres alors, parce que seuls.

Industrie : forges et construction de navires (selon les possibilités et l’époque). Talon [écrit] : « c’est le commerce qui fait l’âme de l’établissement » (c'est-à-dire de la colonie).

Secteur politique : système un.

Un gouvernement colonial, concedo ; les chefs sont nommés par la métropole, c’est vrai, mais on recherche les intérêts d’un seul Canada. Une autorité locale qui défend contre l’Angleterre la vie du Canada français. Les subsides métropolitains ont peut-être été insuffisants, mais il ne faut pas voir seulement le côté négatif, il y a eu du positif.

Secteur culturel : (suite à la prochaine chronique)


RÉFÉRENCES :

Maurice SÉGUIN, « Synthèse générale de l’évolution politique et économique des deux Canadas. » Notes de cours établies probablement par les étudiants qui ont suivi le cours HIST 585 intitulé « Introduction à l’histoire du Canada » en 1961-1962. Description : « Sociologie du national. Les principales explications historiques de l’évolution des deux Canadas. » (Université de Montréal, Département d’histoire.)

W. J. ECCLES, « La société en Nouvelle-France. » Document que nous pouvons trouver sur le site du Séminaire de Sherbrooke, s.d. Consulter : http://www.seminaire-sherbrooke.qc.ca/hist/hist4/Enrichi/societe.htm
Nous conseillons la lecture de cet exposé qui illustre la vie de la colonie française du Canada sous le Régime français. De nombreux mythes s’effondreront à la lecture de cette DESCRIPTION DE LA VIE POLITIQUE, ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET CULTURELLE DES CANADIENS AVANT 1760, dans ce PREMIER CANADA. Comme le fait remarquer d’entrée de jeu Maurice Séguin : «TOUT EST LÀ. DONC PAS QUESTION D’INFÉRIORITÉ ÉCONOMIQUE OU CULTURELLE À L’INTÉRIEUR. »

Du même auteur :

Le gouvernement de la Nouvelle-France. Publication de la Société historique du Canada, 1966. Brochure no 18.
Source : http://www.collectioncanada.ca/cha-shc/002013-119.01-f.php?&booklet_id=H-18&page_sequence_nbr=1&browse=yes&&page_id_nbr=4668763&&&PHPSESSID=0lrgceojkt7tqg8mfq7gf3p7j7

XXX. « La société canadienne en Nouvelle-France. » Un tableau des forces et des faiblesses des sociétés coloniales anglaises et françaises en 1745.
Source : http://www.recitus.qc.ca/html/tache_meq/primaire/bloc2_diffusion/Jour%202/4_feuille_cd3_socnf_treize_colonies_1745.pdf

mardi 10 juillet 2007

L’AGIR PAR SOI COLLECTIF EST LE FONDEMENT DE L’INDÉPENDANCE

INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 294

Être DISTINCT avant d’être DIFFÉRENT
Un billet écrit par notre collaborateur Parfondor
Bruno Deshaies

Chronique de Bruno Deshaies, jeudi 21 juin 2007 117 visites 2 messages
Source : http://www.vigile.net/article7324.html

Vouloir être DISTINCT n’est rien d’autre que de vouloir agir par soi collectivement à l’interne et à l’externe.

Vouloir être DIFFÉRENT consiste à attribuer des attributs singuliers à la collectivité nationale en se limitant surtout aux traits culturels.

Vouloir être DISTINCT, c’est vouloir devenir une NATION INDÉPENDANTE DANS LE MONDE. Vouloir être DIFFÉRENT, c’est vouloir surtout préserver son identité culturelle sans tenir compte de l’importance de maîtriser le plus possible les facteurs économique et politique du développement collectif ou national. Par conséquent, c’est se limiter, se subordonner, se provincialiser, bref se contenter d’agir en MINORITAIRE. C’est exactement l’attitude que vient d’adopter madame Pauline Marois.

L’indépendance au plan politique d’abord devrait être l’objectif des Québécois-Français pour un QUÉBEC LIBRE COLLECTIVEMENT, c'est-à-dire doté d’un ÉTAT SOUVERAIN.

Bruno Deshaies
Montréal, 10 juillet 2007


Commentaire

Être distinct avant d’être différent
21 juin 2007, par Gilles Bousquet

Où on s’en va avec ces sabots là ?

Est-ce que les descendants de Québécois qui vivent en Nouvelle-Angleterre se sentent distinct et/ou différent ? Ou plus différents que distincts ou vice-versa ? Et nos autochtones vis-à-vis des Québécois et les Bretons vis-à-vis de la France et les Mexicains qui vivent en Californie, etc. ?

Si les Québécois avaient été anglicisés, il y a plusieurs années, comme l’ont été les descendants des Québécois en Nouvelle-Angleterre, est-ce que nous serions encore distincts ou différents ?
Est-ce que le fait de se sentir distinct et/ou différent est une raison suffisante pour se faire un nouveau pays ? Si oui, est-ce que le ROC qui doit se sentir différent des Québécois devrait s’en séparer ?

Si l’idée que, d’être minoritaire, c’est suffisant pour devenir autonome, pensons à nos Anglos. de l’ouest de la ville de Montréal et de Westmount qui sont minoritaires mais qui réussissent quand même à faire plier notre gouvernement provincial.

Gilles Bousquet
[66 ans, St-Hyacinthe]



lundi 9 juillet 2007

Urgence de la création d'un état-major de l'indépendance

UN DÉBUT DE RÉFLEXION

« Un état-major de l’indépendance commencerait d’abord par exprimer les fondements de l’indépendance.» (Bruno Deshaies)

Les bilans de société ont été faits mille fois ; les programmes de développement socio-économico-culturels ont été réécrits presque annuellement ; les programmes politiques ont été revus continuellement et les plateformes électorales ont été mises au point réglièrement. CEPENDANT, les fondements de l'indépendance ont été systématiquement occultés parce que considérés comme un pis-aller. Pourquoi faire comme si la collectivité nationale québécoise-française ne serait pas assez bien organisée et développée pour voler, c'est le cas de le dire, de ses propres ailes ? C'est exactement la posture que veut endosser madame Pauline Marois. Quel désastre ! Est-elle consciente des effets pervers de cette attitude politique qui frise l'inconscience nationale totale ? Les internautes cités ci-dessous s'interrogent sur la pertinence d'un tel revirement parmi les souverainistes.

Bruno Deshaies

Montréal, 9 juillet 2007

PQ-PAULINE
Occuper le vide

Il m’apparait cependant très important de créer un mouvement politique, indépendant de tout parti politique, EN PREMIER LIEU
Frédéric PICARD
Forum du journal Le Québécois
jeudi 5 juillet 2007 8 messages
Source : http://www.vigile.net/article7569.html

Commentaires :
• Occuper le vide
6 juillet 2007, par Bruno Deshaies

Mettre en marche le MOUVEMENT
Le MOUVEMENT d’idées préconisant l’indépendance du Québec est certainement très important. C’est une approche sérieuse et déterminante. Toutefois, il faudra élaborer un contenu substantiel pour agir si l’on veut vraiment sortir du cadre autonomiste fédéraliste traditionnel. Pour l’heure, ce contenu n’est ni dans les documents du PQ ni dans ceux du BQ. Il y a trop de phraseurs parmi eux. Nous oserions dire, au risque de nous faire accuser de défendre une « secte », que Les Normes de Maurice Séguin et sa synthèse explicative de l’Histoire de deux nationalismes au Canada devraient être parmi les documents clés de la nouvelle approche indépendantiste.

Avant d’écrire un Manifeste de l’indépendance, il faudrait avoir l’humilité d’étudier en profondeur la pensée de l’historien Maurice Séguin. Il serait important que des discussions entre des indépendantistes sincères et raisonnables se fassent sur des bases solides et un canevas politique indépendantiste bien mûri et clair. Nous possédons déjà les fondements nécessaires dans les deux ouvrages cités ci-dessus de Maurice Séguin. Comme historien chevronné, ce penseur québécois a étudié en profondeur la psyché des Québécois-Français ainsi que des Anglo-Québécois et des Canadians. Si l’on veut se donner le temps et prendre la peine de le comprendre, il faut sans faute se départir des bases traditionnelles de l’optique fédéraliste (par ex. : le gendre de discours sur le déséquilibre fiscal et tout le reste du même acabit par notre élite indépendantiste-optimiste).

Ce MOUVEMENT d’idées pourra transformer la société québécoise à condition que les idées indépendantistes deviennent autres choses que du romantisme souverainiste et de l’opportunisme électoral et politique. Devant une pareille situation, il importe sérieusement pour les indépendantistes de former un état-major capable de créer un réseau de personnes qui mettront la main à la pâte afin de diffuser en profondeur les fondements de l’indépendance dans toutes les régions du Québec. Par conséquent, il faudra former des formateurs de formateurs. Cela prendra du temps, mais au moins ceux qui auront compris pourront être assez motivés pour influencer d’autres personnes et ils pourront surtout réagir à l’offensive massive que n’éviteront pas de mettre en place les défenseurs du fédéralisme canadien/canadian. Au fond, ce qu’il y a de plus important, comme l’écrit Maurice Séguin, consiste à faire « pénétrer dans la conscience canadienne-française le concept de la nécessité de l’indépendance sur le plan politique d’abord […], de démasquer l’imposture de la tradition LaFontaine-Parent, ce bon vieux mythe séculaire d’une égalité possible entre les deux nationalités […], [et plus encore, le mythe] de la possibilité pour les Canadiens-Français d’être maîtres chez eux et de s’épanouir dans un Québec qui demeurerait à l’intérieur de la Confédération. » (Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 430.) »

Le Rond-Point des sciences humaines http://www.rond-point.qc.ca

• Occuper le vide
7 juillet 2007

• Provoquer la formation d’un état-major du MOUVEMENT ?
7 juillet 2007 Bruno Deshaies

Je ne crois pas, personnellement, que le MOUVEMENT DOIVE ALLER S’ÉCHOUER SUR LES RÉCIFS D’UN NOUVEAU PARTI POLITIQUE qui n’aura pas fait ses devoirs au sujet des fondements mêmes de l’indépendance. Choisir des candidats qui auraient vraiment le « virus » de l’indépendance n’est pas une mince besogne à entreprendre au Québec. La doctrine fédéraliste a tellement spolié notre pensée collective indépendantiste au Québec qu’il faudrait presque un miracle pour se débarrasser de notre manteau fédéraliste-autonomiste-souverainiste-association-partenariat-ouverture-et-petit-pas du maître chez nous mais sous la domination de l’Autre, c’est-à-dire de l’Autorité fédérale représentant le grand ensemble et le vivre en commun que nous serinent nos belles et grandes Chaires du Canada de 7 ans (renouvelables indéfiniment) et de 5 ans (à renouveler sous surveillance des pairs). Cette chape de plomb fédéraliste a des tentacules canadians et aussi internationales. Une véritable pieuvre qui travaille sept jours par semaine à former des fédéralistes bien endoctrinés et fiers de l’être.

Le camp indépendantiste, pour sa part, possède très peu de moyens et en plus il est subdivisé à l’infini à tel point que chaque indépendantiste a son « indépendance » à lui. Dans l’esprit des Québécois, le concept d’indépendance étant tellement polysémique qu’on peut se demander si l’on sait ce que c’est. Si on le savait vraiment, on pourrait certainement marcher en avant et progresser sûrement vers l’objectif. Or, ce n’est pas ce que nous observons. Nous sommes dispersés. Nous tournons en rond : fin ou moyen ? Finalement, la souveraineté demeure continuellement à la croisée des chemins.

Un état-major de l’indépendance commencerait d’abord par exprimer les fondements de l’indépendance. Il prendrait une posture qui ne laisse aucun doute sur son objectif. Il veillerait à affirmer clairement ses concepts, à les expliquer ouvertement et à les défendre. Inévitablement, on retrouverait sur ce chemin les fédéralistes. Or le MOUVEMENT qui serait donné par ces idées nouvelles devrait atteindre le cœur et l’esprit des Québécois. Ce n’est plus de l’analyse politique à tour de bras qu’il faudra faire, mais plutôt un travail de diffusion et de persuasion, bref de COMMUNICATION. Pour ce combat, les indépendantistes doivent se préparer et former une élite susceptible de réaliser l’objectif visé.

Consulter : Gilles Verrier, « Y aurait-il une certaine sagesse à décoder dans les discours de Pauline ? » Commentaire 7 juillet 2007 sur la même page électronique.

La souveraineté hors du PQ
Il est temps de se tourner vers quelque chose d’autre que le PQ, si on veut faire l’indépendance
Xavier DIONNE
Tribune libre de Vigile
mardi 3 juillet 2007 253 visites 7 messages
Source : http://www.vigile.net/article7534.html

Avec le PQ et le BQ : point de salut !3 juillet 2007

« Vous avez bien raison. »

Monsieur Xavier Dionne écrit :

« Le projet doit se retrouver, une nouvelle fois, dans la rue [...]. »
Vous avez bien raison. Après avoir voulu nous humilier, madame Pauline Marois, nommée ou couronnée (donc non élue, comme vous voulez) en tant que présidente du PQ, nous a annoncé (avec un sourire accroché au visage) qu’elle allait prendre deux semaines de vacances. Pourtant, elle était dans sa retraite depuis dix huit mois sinon plus avant cette nouvelle course à la direction du PQ. Ce n’est pas ce que Sarkosy nous a dit après son élection à la présidence de la France. Il a fait immédiatement un voyage en Allemagne. Un pays indépendant ne se repose pas, il se bat. Or, Madame Marois va se reposant sans avoir eu à livrer de combat. OH ! Si ! Elle avait fait des combats dans le passé... Mais le passé, comme disait Teilhard de Chardin, « c’est du dépassé ».

Vous voyez Gandhi allant se reposer devant le défi de l’impérialisme britannique ? L’indépendance du Québec ne ressemble pas à l’Écosse ou à celle de l’Irlande ou encore à celle des pays nordiques, mais bien à celle de l’Inde ou du Timor oriental et même avec le cas de la Tchécoslovaquie. Quelle histoire voulons-nous vivre ? Celle des vaincus ou celle des vainqueurs. Assez, c’est assez avec tous ces indépendantistes optimistes qui rêvent comme Stéphane Laporte à une souveraineté dedans ou quelque part ailleurs (on ne sait pas trop où) hors du Canada dans un projet de société comme si le présent n’avait plus d’importance et que ce qui pourrait être intéressant serait tout bonnement de construire des châteaux en Espagne. Un rêve d’humoriste.

Les Québécois en ont assez de tous ces rêves bidon.

Madame Pauline Marois, réveillez-vous !


Un peu de Géographie
Le Québec est comme un homme que l’on regarde de dos. Il est fondu dans l’imaginaire canadien et même, il est gommé par lui. André SAVARD
Chronique d’André Savard
mardi 3 juillet 2007 155 visites 3 messages
Source : http://www.vigile.net/article7522.html

• Pauline Marois, ex-ministre de l’Éducation
3 juillet 2007

La réforme Marois

Monsieur Savard écrit :

« On blâme Pauline Marois d’avoir piloté la réforme de l’éducation. Ce qu’on oublie c’est que ce n’est pas Pauline Marois qui a dit que les matières académiques devaient désormais s’organiser en fonction du petit cogito de chaque élève. Ce n’est pas Pauline Marois qui a voulu reléguer le savoir académique derrière les caprices du citoyen d’aujourd’hui. »

Attention Monsieur André Savard, madame Pauline Marois a été comme beaucoup de ministres (et de très nombreux) à Québec qui n’écoutent que les hauts fonctionnaires. Les professionnels du gouvernement du Québec ne comptent pas beaucoup dans la balance à moins qu’ils n’écrivent ce que la ministre veut bien entendre. Pauline Marois a été sourde à de nombreux appels qui auraient pu lui être utiles. La haute fonction publique contrôle chaque ministère. Les sous-ministres en titre nommés par le premier ministre sont généralement tout puissants. De plus, les « petits » cabinets politiques couchent assez généralement avec la haute fonction publique, car la carrière de ces « faiseurs » d’élections en dépend. Très souvent, ces « petits » cabinets d’hommes et de femmes (cette garde rapprochée du ou de la ministre) contrôlent l’information et ils sont généralement serviles auprès de la haute fonction publique qui assure leur éducation administrative. À leur école, ils apprennent rapidement les règles non écrites qu’ils doivent suivre pour assurer leur carrière.

Tout cela étant dit, les indépendantistes perdent quand même un temps fou à ne pas mettre en place une organisation solide capable de défier les consensus fédéralistes et l’Autorité fédérale.

Hymne au Canada...
Ô Canada, tu aurais ma confiance
et serais devenu mon pays
sans ta maladive insistance
à me réduire en descente de lit.
Gilles OUIMET
Tribune libre de Vigile
dimanche 1er juillet 2007 203 visites 5 messages
Source : http://www.vigile.net/article7510.html

• Hymne au Canada...
1er juillet 2007

C’est pour quand la transformation indépendantiste du peuple québécois ?

Après tout ce qui vient d’être dit, comment peut-on faire pour organiser le plus grand nombre de québécois conscients de leur annexion, de leur subordination, de leur superposition et finalement de leur domination par l’impérialisme canadian deplus en plus unitariste et des fédéralistes québécois indécrottables qui croient que seul un petit nationalisme d’occasion suffira à faire le travail de libération nationale ?

Quand commencera-t-on véritablement la déprogrammation mentale de l’optique fédéraliste pour défendre, visière levée, l’optique indépendantiste ? Il nous faut une élite d’indépendantistes et non des croulants défenseurs souvent inconscients du fédéralisme autonomiste à petit pas qui ne cherchent que le pouvoir et l’argent.
Oublions que le visionnaire ne sortira ni du PQ ni du BQ. Ces deux partis sont trop englués dans l’optique indépendantiste optimiste qui n’est rien d’autre que du FÉDÉRALISME. Merde !

• Hymne au Canada...1er juillet 2007

Comment peut-on organiser les troupes indépendantistes ?

Allez lire la connerie fédéraliste d’Alain Dubuc [cf. « Entre deux têtes » ci-dessous.]pour constater à quel point le message fédéraliste imprègne jour après jour toute la société québécoise du bonheur d’être cocu content.

Une seule réponse s’impose : faire connaître la doctrine indépendantiste et cesser de chiâler. Braver l’Autorité fédérale par un consensus indépendantiste.

Entre deux têtes
http://www.cyberpresse.ca/article/20070630/CPOPINIONS/706300426/6741/CPOPINIONS

Pique-nique en famille
Caroline MORENO
Billet de Caroline
jeudi 28 juin 2007 114 visites 5 messages
Source : http://www.vigile.net/article7470.html

• Pique-nique en famille

29 juin 2007, par Lionel Lemay

Comment peut-on vivre en famille dans une maison dont les occupants sont d’origines différentes et ne parlent pas la même langue. La langue du Québec est le français et le reste du Canada parle anglais sauf pour une partie du Nouveau Brunswick.

J’ai parcouru tout le Canada, plusieurs états américains et pays d’Europe. J’ai toujours reçu un accueil chaleureux aux États Unis et en Europe, même à Londres. Cependant, même si je parle couramment leur langue, les anglo-canadians à l’ouest du Québec me réservaient un accueil plutôt froid. On me demandait souvent "what’s wrong with Quebec ?" ou "what does Quebec want ?" Dans un restaurant de Calgary, je conversais en français avec deux collègues québécois, quand les gens de la table voisine nous ont dit "why don’t you speak white ?"

Ceux qui croient encore que les anglo-canadians nous aiment peuvent perdre leurs illusions. Ils veulent nous garder à l’intérieur du Canada simplement pour nous contrôler, nous minoriser, nous assimiler et surtout pour empocher la moitié de nos impôts et taxes.

Il faut que les Québécois réalisent qu’ils paient très cher pour loger dans l’annexe ou la dépendance de la grande maison anglophone et que le seul moyen d’être maîtres chez nous est de posséder notre propre maison.

Si le PQ ne prend pas les moyens pour informer et convaincre les Québécois francophones de bâtir leur propre pays le plus tôt possible, tout en demeurant bon voisin avec le Canada anglais, il faudra songer à fonder un autre parti qui le fera à sa place.

• Pique-nique en famille
29 juin 2007, par Claude Jodoin


Vous avez entièrement raison, monsieur Lemay.

J’habite aux États-Unis depuis assez longtemps (1985), et il m’arrive souvent d’avoir à "expliquer le Québec" à mes collègues, voisins, etc. Après un moment de surprise, il finisse par s’ouvrir à l’idée que, oui, il y aura peut-être un jour une république indépendante dans le secteur Nord-Est du continent. Ils pigent surtout quand on rapproche leur propre aventure "indépendantiste" (Washington, Lafayette, Franklin, ...) avec ce qui se passe au Québec.

Essayez de faire ça dans le ROC !! Les ’speak white’ vont pleuvoir ! Caroline, entre vous et moi, il faut avouer aussi que les É.-U. ont eu une élite qui a TOUT risqué pour parvenir à l’indépendance ; et ils l’ont gagnée de haute lutte ! Ce genre de courage, de la part d’une l’élite, fait cruellement défaut au Québec.

• « Pourquoi se séparer du Canada ? »29 juin 2007

Il faut reconnaître que ce billet de Caroline Moreno est clair.

Elle nous signale cette simple anecdote de son voisin Italo-canadien qui s’exprime en ces termes : « On a un pays. Pourquoi se séparer du Canada ?
La réponse est venue de Claude Jodoin qui habite les États-Unis depuis 12 ans :
« Caroline, entre vous et moi, il faut avouer aussi que les É.-U. ont eu une élite qui a TOUT risqué pour parvenir à l’indépendance ; et ils l’ont gagnée de haute lutte ! Ce genre de courage, de la part d’une élite, fait cruellement défaut au Québec. »

La réponse vient d’être donnée. Si Pauline Marois veut écouter, elle détiendra ici le meilleur message qu’elle n’aura jamais entendu ou qu’elle ne voudra jamais entendre.

Bravo monsieur Jodoin ! Vous avez compris le sens de la Déclaration d’Indépendance de 1776.

Je crois aussi que vous avez compris qu’une élite doit se mettre de travers avec le fédéralisme canadian qui n’est rien d’autre que de l’impérialisme. Or, ici, Pauline Marois est complètement dans le champ tout comme ses 4 000 supporteurs auxquels elle a parlé.

Caroline Moreno continuer à écrire comme vous le faites, mais n’oublier jamais l’« épaisseur de l’histoire ». On ne vit pas que de réactions. LA VIE, C’EST L’ACTION.

lundi 11 juin 2007

L'enseignement de l'histoire au Québec

Nous présentons la version révisée d’une chronique portant sur l’enseignement de l’histoire au Québec parue le 10 février 2000. Il y est question de « sentiment identitaire ». Partant, cette notion est liée aux concepts de nations différentes et de nations distinctes.

Le sentiment identitaire, s’il n’est pas dévoyé, aspire normalement à devenir distinct et à exprimer un « sentiment national ». Or, ce sentiment d’« être distinct » n’a plus rien à voir avec le fait d’« être différent », car des peuples semblables sous certains égards peuvent être indépendants l’un de l’autre, tandis que pour d’autres, cette différence ne les empêche pas de s’identifier à tel autre peuple étranger.

Dans l’optique indépendantiste, le fait même d’être indépendant, séparé, puis de vivre à l’intérieur d’un territoire national, ne signifie pas que la coopération, la collaboration et les rapports de voisinage sont ipso facto exclus. Ils peuvent être même enrichissants dans la mesure où la marge de manœuvre constitutive de l’autonomie interne et externe de la nation indépendante ou distincte s’exerce normalement et suffisamment.


Par conséquent, pour un « sujet collectif », la conscience d’être distinct constitue un préalable essentiel à l’indépendance nationale.

Bruno Deshaies
Montréal, 20 juin 2007

· Renvoi :

« Être DISTINCT avant d’être DIFFÉRENT. » VIGILE.NET : Chronique du jeudi 21 juin 2007. Voir : http://www.vigile.net/article7324.html

· Quelques références sur la publication de la version non-révisée de cet article

http://www.rond-point.qc.ca/rond-point/histoire/default.htm (no 11 pour l'article 2.)

http://www.vigile.net/ds-deshaies/index.html (13 chroniques portant sur « L’enseignement de l’histoire au Québec)

http://www.vigile.net/spip.php?page=archives&u=/archives/ds-deshaies/index.html (voir no 187)

http://www.google.ca/search?sourceid=navclient&hl=fr&ie=UTF-8&rls=RNWE,RNWE:2005-38,RNWE:fr&q=deshaies+le+sentiment+identitaire

· En plus :

Bruno Deshaies, «
De la DIFFÉRENCE à la DISTINCTION. » Mémoire présenté aux audiences de la Commission sur l'avenir constitutionnel du Québec (autrement appelée la Commission Bélanger-Campeau) créée par le Gouvernement du Québec. Québec, 5 novembre 1990.


2. Mémoire et histoire : le sentiment identitaire

REMARQUE PRÉLIMINAIRE. L’enseignement de l’histoire au Québec déborde sûrement le thème de cette rubrique : « Indépendance : pour ou contre ? » Toutefois, cette question est tellement associée, dans les esprits, à l’avenir du Québec, qu’il est difficile de la dissocier de la question nationale. C’est pourquoi, dans les semaines à venir, nous allons entreprendre une série d’articles sur le thème de l’enseignement de l’histoire. B.D.

La question de l’identité québécoise préoccupe non seulement les universitaires mais aussi les leaders politiques et sociaux. L’identité est devenue un maître-mot. Au Congrès annuel de l’Acfas, en 1998, un colloque s’est tenu qui portait sur « La différence en question ». Oui, le Québec est différent, mais l’identité québécoise est difficile à définir. Les auteurs du colloque notent que « chaque fois qu’il a fallu définir avec quelque précision l’identité québécoise, éclairer le contenu de ce Nous collectif omniprésent dans le discours nationaliste, la tâche s’est révélé ardue ». (*) D’après l’historien Jocelyn Létourneau, « le poids du passé, bien plus que les tourments existentiels et identitaires d’une nation présumément en déficit d’accomplissement et en demande de différence, sont au coeur du malaise canadien à l’heure actuelle. »

L’allusion au « poids du passé » fait certainement référence à l’histoire du Québec, du Canada, du Canada-Français et de la colonisation française en Nouvelle-France. Cela dit, ce « poids du passé » que peut-il signifier pour « ce Nous collectif » aujourd’hui ? De quelle histoire s’abreuve-t-on pour connaître le présent des Québécoises et des Québécois. Quand on pense aux Français, est-ce qu’on pense à des individus pris nominalement ou, plutôt, à la collectivité française qui s’exprime à l’intérieur de la nation et de l’État français ? Pour le Québécois qui est aussi Canadien, est-ce la même analogie qu’entre être Français et Européen ou entre être Corse et Français ou encore être Breton et Français ?

Mémoire et histoire

On dirait au Québec que la mémoire est d’un côté et l’histoire de l’autre. La mémoire rappelle aux Canadiens-Français qu’ils descendent de Français ; aux Canadiens-Anglais leur appartenance au monde britannique ; aux Autochtones qu’ils sont les premiers possesseurs du sol ; chez les groupes multiculturels, elle les relie à leur pays d’origine ; chez les Juifs, elle les enracine dans leurs fondements religieux ; enfin, toutes ces mémoires ne semblent pas se reconnaître à l’intérieur du Québec. Pourtant elles semblent toutes se rallier à l’État canadien. L’histoire suit des voies divergentes qui rendent presque impossible une conception unifiée du Québec par rapport à son passé, son présent et son avenir. On sait que le peuple québécois est constitué de tous ces gens qui ont façonné et qui façonnent au jour le jour le Québec d’aujourd’hui. Leur histoire ne peut être celle de la diversité des identités prises séparément, mais de l’identité québécoise. C’est là où le bât blesse !

Le sentiment identitaire québécois

Le sentiment identitaire québécois ne peut pas être une mosaïque : il est québécois ou il ne l’est pas ! Être même et autre, en même temps, relève de la quadrature du cercle, c’est de la schizophrénie. Et la population du Québec ne peut sortir de ce dilemme sans quitter les schèmes d’interprétation historique qui nous font nous ignorer nous-mêmes pour nous-mêmes. (**) Cette transformation de la pensée des Québécois-Français ne peut être nulle autre que la renonciation définitive de la tradition lafontainiste depuis l’acceptation de l’Union de 1840. La mémoire des Québécois-Français leur fait accepter l’annexion et l’histoire a réalisé sur eux leur annexion dans le Grand Canada. Si la volonté et la liberté existent dans l’histoire, elles peuvent transformer la situation. L’irréparable d’hier pourrait, demain, devenir réparable. Un Québec-Français pour des Québécois-Français, dans l’unité québécoise, serait possible. De cette manière, une nouvelle mémoire, plus dynamique, pourrait enfin naître qui ne serait plus celle de la survivance, de la soumission, de la subordination, de l’annexion et finalement de l’assimilation, qui en est la conséquence inéluctable quand l’annexion se prolonge. (***)

Peut-être qu’un jour les Québécois-Français pourront dire d’eux-mêmes ce que l’historien français Alphonse Dupront a pu dire des Français : « Ainsi les Français désormais eux-mêmes. » Et plus loin : « Aujourd’hui la dissociation est accomplie entre mythe et réalité. La France est dans le monde, mais distincte de lui. » (****) C’est la fin du processus de formation d’une nation qui atteint la plénitude de son identité. La mémoire se confond avec l’histoire et l’histoire surveille la mémoire pour qu’elle ne délire pas.

(30)

BRUNO DESHAIES
Montréal, 20 juin 2007



NOTES


(*) 66e Congrès de l’Acfas, Université Laval du 11 au 15 mai 1998, Colloque 509 du Programme général, p. 188-189.

(**) Voir « Lire Séguin » par François Robichaud. « Le bilan qu’a dressé Maurice Séguin, écrit François Robichaud, n’a peut-être rien de consolant, et s’en formaliser est compréhensible. Quoi qu’il en soit, toute situation offre la possibilité, sinon d’une solution objective, du moins d’une mise en valeur subjective, d’une libération par l’esprit ; qui comprend la vraie nature de l’oppression essentielle échappera par là même aux servitudes psychologiques qui en procèdent, ce qui est déjà beaucoup. »

(***) Nous recommandons à tous ceux qui se penchent sur la question nationale au Québec de lire attentivement cette page de l’historien Maurice Séguin.

(****) Dans « Du sentiment national », in La France et les Français, sous la direction de Michel François, Paris, Gallimard, 1972, p. 1448 et 1471, coll. « Bibliothèque de la Pléiade ». Il s’agit du premier texte qui ouvre la section intitulée : « La France et le monde » sous le grand titre : « Unité de la nation française ». N. B. Cette analyse d'Alphonse Dupront du « SENTIMENT NATIONAL » pourrait guider les pas des Québécois quant à une réflexion sur l'objet de la nation distincte, soit sur cette conscience québécoise du sentiment complexe de la NATION au sens intégral.

* * *

BRUNO DESHAIES a été, durant près de huit ans, directeur de la Division de l’enseignement des sciences de l’homme à la Direction générale de l’enseignement élémentaire et secondaire (DGEES), entre 1969 et 1977, au ministère de l’Éducation du Québec. De plus, il a enseigné l’histoire et la didactique de l’histoire à l’École normale Jacques-Cartier et l’histoire au baccalauréat des adultes à l’Université de Montréal ainsi qu’au baccalauréat des HEC durant les années 1960. Il a participé à la création de l’UQAM et à son département d’histoire dans les années 1967 à 1969. Après quoi, il a surtout oeuvré au sein du ministère de l’Éducation. Il a été chargé de cours à l’Université Laval et à l’UQAC. Durant de nombreuses années, il a enseigné à l’UQAC la didactique des sciences humaines au primaire et l’histoire de l’éducation au Québec. Il a publié chez Beauchemin, en 1992, Méthodologie de la recherche en sciences humaines (qui a été traduit en portugais par l’Instituto Piaget à Lisbonne) et Histoire de deux nationalismes au Canada de Maurice Séguin chez Guérin, en 1997. En collaboration, il a aussi publié Comment rédiger un rapport de recherche (1964/1974) chez Leméac. Il est présentement directeur du site Internet : « Le Rond-Point des sciences humaines ». Depuis la fin de 1999, il contribue à la Chronique du jeudi sur le site Internet VIGILE.NET.



mercredi 2 mai 2007

Anglophones du Québec - Vigile.net

Anglophones du Québec - Vigile.net: "
INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 286
Les anglo-québécois - que deviennent-ils ?
Incongruité de leur position comme communauté au Québec
Bruno Deshaies - Chronique de Bruno Deshaies 26 avril 2007 1 message"

jeudi 12 avril 2007

UN NOUVEAU CHEMIN À PARCOURIR

La construction de l’union des forces indépendantistes

Par Bruno Deshaies

Chronique jeudi 12 avril 2007 Site Internet VIGILE.NET
http://www.vigile.net/archives/07-4/deshaies-284-1.doc
INDÉPENDANCE DU QUÉBEC No 284
N. B. Ce qui suit doit être ajouté à la chronique cité ci-dessus.

ADDENDA :

Nous proposons ci-dessous une façon de faire le combat pour l’indépendance du Québec.

À titre d’illustration, nous nous servons des débats qui portent sur l’Union Européenne et l’usage de l’Internet comme moyen de sensibiliser la population en vue de créer « l’Europe de demain ». Cette suggestion ne vise pas le fond du débat européen, mais une technique de diffusion du point de vue pro-européen.

S’inspirant de cette technique, nous suggérons une adaptation de cette technique au cas de l’indépendance du Québec.

· Un exemple de diffusion du message des pro-européens

Sarah Biasini, fière d'être européenne
[Un message audiovisuel] http://europe.typepad.com/fierte_europeenne/2007/01/sarah_biasini_v.html

États généraux de l’Europe
Fierté européenne
« Créons ensemble l'Europe de demain, le 17 mars à Lille Accueil Programme du 17 mars »

· Un exemple de message pro-indépendantiste pour la population du Québec

Hana Bourghabi, fière d’être une indépendantiste québécoise
[Un message audiovisuel.] À préparer. Qui veut le faire ?

États généraux du Québec
Vive l’État du Québec indépendant !

« Créons ensemble un État du Québec indépendant, moderne et dynamique,le [date] à Québec Accueil Programme du [date]

mardi 10 avril 2007

René Lévesque (1922-1987)

« [L]es illusions ont la vie dure ; plus elles sont fortes,
plus elles mettent de temps à mourir. »
(Daniel Boorstin, Histoire des Américains, 2003, p. 98. ISBN 2-221-06798-3)


Un sujet exemplaire des contradictions de l’homme québécois
Nous apprécions grandement les commentaires qui ont été publiés par nos lecteurs sur la personnalité de René Lévesque (cf. « La désorientation politique est-elle consubstantielle au PQ. » Dans VIGILE.NET, 5 avril 2007). http://www.vigile.net/La-desorientation-politique-est Ils confirment ce court paragraphe de Camille Laurin que l’écrivaine Marguerite Paulin cite en exergue dans sa courte biographie de Lévesque.

« Depuis que je travaille à ses côtés, écrit Camille Laurin, René Lévesque me paraît comprendre et ressentir dans sa chair ces contradictions de l’homme québécois qui tout à la fois lui imposent de se libérer et l’empêchent d’y parvenir. C’est pourquoi il oscille lui-même entre la nuit et la lumière, l’impatience et la confiance, la tendresse et la sévérité, la mercuriale et l’appel au dépassement lorsqu’il se parle à lui-même ou aux autres. »
(Cité par Marguerite PAULIN, René Lévesque. Une vie, une nation. Montréal, XYZ éditeur, 2004, 165 p. (Coll. « Les Grandes figures ». ISBN : 2-89261-377-9)


TABLE DES MATIÈRES (*)

Liminaire

Chap. 1 : Je ne veux pas détruire le Canada 15 [Cf., ANNEXE]
Chap. 2 : La Révolution tranquille, c’était bien cela 29
Chap. 3 : Le fils de maître Lévesque, esquire 43
Chap. 4 : Voir la guerre de près 53
Chap. 5 : La passion de communiquer 61
Chap. 6 : Ministre du gouvernement Lesage 71
Chap. 7 : Franchir le mur de la peur 89
Chap. 8 : Les années de vérité 107
Chap. 9 : « … un vieille arbre oublié dans la plaine » 123

Chronologie de René Lévesque (1922-1987) 141
Éléments de bibliographie 163

(*) Nous avons dressé la table des matières, car elle est malheureusement absente de l’ouvrage.

NOTE. – Un ouvrage de vulgarisation qui nous offre une bonne chronologie de l’histoire politique du Québec au XXe siècle en trame de fond sur la vie d’un acteur politique important dans la vie de la société québécoise en mutation après la Seconde Guerre mondiale. L’auteur présente un film en accéléré de la vie de René Lévesque. La description des moments importants de cette vie est palpitante. Elle nous offre un bon portrait de l’homme et de ses limites. Sa biographie se termine par la déroute des partisans clefs du PQ à l’occasion du Congrès de 1985. Il quitte finalement l’Assemblée nationale le 25 juin 1985 après y a voir travaillé pendant 25 ans. Il revient à la vie privée durant deux ans environ et meurt le 2 novembre 1987. Voir le débat sur le site du journal VOIR mentionné ci-dessus.

Réactions :
Pour un débat sur cet ouvrage, consulter les réactions des membres du journal VOIR. (Nombre = 16, en date du 07-04-2007) http://www.voir.ca/livres/livres.aspx?iIDArticle=30015

Il suffit de parcourir le livre rapidement pour découvrir l’homme et son œuvre ainsi que son immense difficulté à s’extirper des interprétations traditionnelles de l’histoire du Canada que Maurice Séguin a très bien décrites de la manière suivante dans Les Normes (cf. Introduction. Guérin Éditeur, 1999).
Extraits :

« Des interprétations que l’on appellera traditionnelles et majoritaires ont pour thèmes généraux (si l’on simplifie...) :

1° l’égalité politique dans un régime fédéral (ou d’union fédérale) entre le Canada anglais et le Canada français considérés comme groupes ethniques [ou sociétés distinctes] ;

2° une inégalité sur le plan économique, due à des causes temporaires et qui peut être corrigée : ou l’égalité économique possible.

3° l’avantage de deux cultures pour une nation. »

« D’autres interprétations, traditionnelles aussi mais minoritaires ont soutenu (si l’on n’entre pas dans les détails) :

1° l’obtention de l’indépendance politique pour le Canada-Français
a) comme possible [ET] assez facilement, si l’on veut cette indépendance ;
[ET AUSSI]
b) comme quelque chose qui va de soi,

2° ou le recouvrement possible d’une indépendance politique perdue ou refusée par accident :

3° [et malgré tout] percevant l’inévitable inégalité politique d’une nationalité minoritaire. »

N. B. Il paraîtrait que ces deux phrases sont tellement difficiles à comprendre pour un non-initié, c'est-à-dire s’il n’est pas un historien, qu’il est nécessaire de lui faire un dessin ! Êtes-vous du même avis ?
Revenons à Marguerite Paulin. Toute biographie a ses limites. Si elle est uniquement centrée sur le personnage, elle risque d’échapper à l’histoire, c’est ce qui arrive très souvent. L’étude d’un personnage historique est en soi fascinant. La question est de savoir dans quelle mesure elle peut éclairer l’histoire et la longue durée de la vie d’une société. Ce qui est intéressant dans le survol de Marguerite Paulin, c’est qu’elle a su transcender l’événementiel d’une manière habile. Elle nous offre d’une certaine manière une introduction à la grande histoire. Si « l’histoire des structures est aussi légitime que l’histoire événementielle » comme le pense Maurice Séguin (cf. le chapitre d’« Introduction » dans Les Normes.), il faut reconnaître que cette biographie devient éclairante. Cela dit, elle est quand même insuffisante dans la perspective d’une histoire générale du Québec.

Nous ne pouvons pas réduire à une période ou à une époque l’histoire d’une nation. Toutefois, on peut se rappeler les époques de Mercier, Taschereau ou Duplessis et même encore celles de Lesage, Johnson, père, Bourassa, Lévesque ou Bouchard ? L’historien doit à la fois aborder les individus et la société, les événements et les phénomènes de longue durée tout comme la conjoncture et les structures. L’anecdotique, la vie privée, les petits scandales, les manières de se vêtir ou de parler, etc. sont loin d’épuiser l’histoire. Si cette histoire-récit peut toutefois être passionnante, elle ne s’inscrit surtout pas dans la perspective d’une histoire-explicative plus lourde d’enseignement et mère de l’action. Cette histoire ne donne ni dans la contemplation du Passé ni dans celle du Présent. Au contraire, elle s’inscrit dans la recherche de l’histoire en action où le temps de l’Avenir est façonné à la fois par le Passé et le Présent. La part de volonté ou de liberté est souvent restreinte et limitée. Les grands bouleversements historiques sont plus souvent des évolutions que des révolutions.


Bruno Deshaies
Montréal, 10 avril 2007
ANNEXE

Je ne veux pas détruire le Canada

//p.18// Après l'élection du Parti québécois le 15 novembre 1976, René Lévesque revient à l'essence même du Mouvement souveraineté-association qu'il avait fondé neuf ans plus tôt. « Aujourd'hui, dit-il, je tiens plus que jamais à ce trait d'union ! » Il ne s'agit pas d'une figure de style, mais d'un point d'honneur qu'il se fixe. Un Québec souverain devra établir un partenariat économique avec le Canada. Fort de ce credo, il freine l'aile radicale du Parti québécois qui souhaiteraient déclarer l'indépendance tout de suite. Lévesque se méfie des idéalistes qui n'acceptent pas les règles du jeu de la démocratie.
-- Des picosseux, dit-il, des chiqueux de guenille ! Cette gau-gauche, c'est le ver dans la pomme.
Dès le début de 1977, le chef du PQ doit maîtriser des ondes de choc. Lévesque mène alors une locomotive lourde dont la moindre fausse manoeuvre risque de faire dérailler les wagons.

mardi 3 avril 2007

Québec en 1709 | Pour 2008, le 400e anniversaire de Québec

Québec en 1709 Le Soleil Cyberpresse

La série d'articles de Louis-Guy Lemieux du quotidien Le Soleil de Québec relate des événements sur la vie dans la colonie canadienne ainsi que l'effort de la colonisation française en Nouvelle-France. Ces descriptions de situation de notre histoire nationale québécoise-française se compare sans gêne avec des événements comparables qui se passaient au même moment dans les colonies britanniques de la Nouvelle-Angleterre. En fait, une société coloniale naissait et s'organisait pour vivre sur tous les plans politique, économique et culturel sans compter la nécessaire défense de la colonie par les militaires et les Canadiens (du premier CANADA qui était UNIQUEMENT FRANÇAIS AVANT 1760).

BRUNO DESHAIES
Montréal, 3 avril 2007


ADDENDA

D'autres lectures :

INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 259
L’unité canadienne et la Gouverneure générale du Canada
L’unité canadienne peut-elle cohabiter avec l’unité québécoise dans le même pays ?
Bruno Deshaies Tribune libre de Vigile jeudi 28 septembre 2006
http://www.vigile.net/spip/vigile2175.html

INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 268
La nation québécoise dans la fournaise
« Québécois, Québécoises » ou « Quebeckers »« ...A nation within a united Canada. » (Stephen Harper)
Bruno Deshaies Chronique de Bruno Deshaies jeudi 30 novembre 2006
http://www.vigile.net/spip/article3140.html

Montréal, 14 avril 2007

mardi 27 mars 2007

Pierre BOURGAULT (1934-2003)

UN DÉTONATEUR DE LA PRISE DE CONSCIENCE
INDÉPENDANTISTE


Comme tribun, orateur, journaliste et essayiste, Pierre Bourgeault a été un détonateur de la prise de conscience du nationalisme indépendantiste durant la seconde moitié du XXe siècle. Dans son ouvrage intitulé OUI à l’indépendance du Québec (1977), il suppose que le nationalisme doit s’accomplir maintenant afin que les générations futures puissent le dépasser. « Ce n’est qu’une fois l’indépendance acquise, écrit-il, que les jeunes Québécois pourront enfin s’inventer une société qui leur ressemblera. À défaut de quoi on les retrouvera dans vingt ans brandissant les mêmes drapeaux que nous, scandant les mêmes slogans et se cognant le nez aux mêmes portes fermées. (p. 174) »

Le discours qu’il soutient dans ce livre constitue une longue dissertation subdivisée en vingt-neuf articles qui sont en fait une rationalisation sur la position indépendantiste. Pour synthétiser sa pensée, il l’articule autour de « Si je réponds “oui” à l’indépendance du Québec, c’est… ». Vient après une suite répétitive de cette affirmation qui amorce les vingt-neuf articles où il tente de démontrer la nécessité pour les Québécois de faire l’indépendance du Québec. Nous donnons ci-dessous le libellé de tous les énoncés qui marquent son mode de raisonnement et les raisons, selon lui, pour laquelle l’indépendance est nécessaire parce qu’elle « vise à nous faire vivre de nos propres ressources et de notre propre génie » (p. 10).

Comme tous les autres indépendantistes optimistes de l’époque, il sera confronté à l’idée d’association économique pour le Québec. Sur cette question, il écrit : « Sachons garder en mémoire que les associations économiques, quelles qu’elles soient, sont affaire d’intérêt mutuel et non de sentiments. […] C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre que l’indépendance du Québec nous permettra de négocier avec le Canada une « vraie » association économique qui ne nie pas nos intérêts les plus vitaux. (p. 117) » Il ne sera pas le seul à jongler avec cette idée qui continue encore aujourd’hui à paralyser le MOUVEMENT de l’indépendance du Québec. Ce problème remonte au manifeste d’Option Québec publié par René Lévesque en 1968.

En mettant à part ce problème et quelques autres du même genre, on peut dire que l’actualité de Pierre Bourgault a consisté surtout à nous rappeler que nous pouvions être fiers d’être Québécois. Par ailleurs, on doit reconnaître qu’il a travaillé à disséminer l’idée indépendantiste auprès des Québécois pendant un demi-siècle. Mieux le comprendre nous permettrait très certainement d’améliorer nos raisonnements dans l’optique indépendantiste sans tomber dans les mêmes ornières du nationalisme-indépendantiste-optimiste des générations précédentes.

Mieux comprendre la façon de penser de Pierre Bourgault, c’est s’offrir l’occasion d’aller plus loin encore dans la conviction que l’indépendance du Québec est absolument nécessaire. Mais il faut toutefois y ajouter sans faute toute la conceptualisation de « la nation au sens intégral » que nous retrouvons dans Les Normes et Histoire de deux nationalismes au Canada de Maurice Séguin. La transformation de la conception péquiste de la souveraineté devrait s’abreuver le plus tôt possible dans ces deux sources. Pour cela, le nouveau cheminement des souverainistes exigera la mise en place d’une organisation qui assurera des formes variées de communication entre les indépendantistes et la population québécoise établie dans toutes les régions.

Si nous avons eu besoin d’un tribun pour porter l’étendard souverainiste, il nous faut maintenant des organisateurs affûtés par l’optique indépendantiste qui soient capables de faire avancer le MOUVEMENT. Il s’agit plus aujourd’hui d’une action collective que d’éclats individuels aussi brillants soient-ils, bien que les deux ne doivent pas s’exclure. Faire naître des Académies de l’indépendance dans toutes les régions du Québec serait un précieux commencement dans la bonne direction.

Nous vous invitons à lire avec attention les libellés des vingt-neuf énoncés de Pierre Bourgault dans OUI à l’indépendance du Québec afin d’affiner votre pensée indépendantiste. Mais la véritable difficulté commencera lorsque vous tenterez vous-même de penser sérieusement dans l’optique indépendantiste en percevant bien les limites, les inconvénients du fédéralisme. C’est l’obstacle le plus difficile à franchir si vous voulez dire OUI fondamentalement à l’indépendance du Québec. Il ne s’agit plus des attributs de l’indépendance, mais de l’essence même de celle-ci, c'est-à-dire l’AGIR PAR SOI COLLECTIF DE LA NATION ayant à son avantage la plénitude des pouvoirs d’un État souverain et la capacité d’agir sur tous les secteurs et dans tous les domaines tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il ne s’agit plus d’un projet mais d’un état.


Bruno Deshaies
Montréal, 28 mars 2007



PLAN DE L’OUVRAGE

Préface 9
Le référendum : c’est quoi ? 17


Si je réponds “oui” à l’indépendance du Québec, c’est

1. qu’elle nous permettra enfin de nous attaquer à nos vrais problèmes. 21
2. qu’il faut toujours mieux se gouverner soi-même que d’être gouverné par les autres. 26
3. qu’elle permettra l’établissement, en Amérique du Nord, d’un pays où les francophones seront majoritaires. 30
4. que le Québec est le seul endroit au monde où je puisse me sentir chez moi. 36
5. qu’elle s’inscrit dans le sens de l’histoire. 40

6. qu’elle nous permettra de recouvrer notre normalité collective. 45
7. qu’elle nous permettra enfin de parler français... et quelques autres langues. 54
8. qu’elle nous permettra d’abattre les frontières pour nous ouvrir sur le reste du monde. 59
9. qu’elle permettra enfin à tous les Québécois, de quelque origine qu’ils soient, de choisir leur pays. 64

10. qu’elle nous donnera le droit à l’échec. 68
11. qu’elle nous donnera le droit au succès. 72

12. que nous sommes prêts à l’assumer. 82
13. que nous avons amplement les moyens de l’assumer. 89

14. qu’elle nous permettra de définir nos priorités. 99
15. qu’elle nous permettra de reprendre en main notre économie.
16. qu’elle nous permettra de rationaliser notre développement économique et social. 108
17. qu’elle nous permettra de réaliser une véritable association économique avec le Canada… et quelques autres pays. 113
18. qu’elle nous permettra de nous débarrasser de notre psychose collective. 119
19. qu’elle nous permettra de nous débarrasser de notre vanité. 123
20. qu’elle nous permettra de redécouvrir nos origines et de nous débarrasser de notre francophobie maladive. 128
21. qu’elle nous permettra de nous débarrasser de notre xénophobie. 133
22. qu’elle nous permettra de lutter plus efficacement contre l’unification forcée du monde. 137
23. qu’elle nous permettra de freiner l’expansion du racisme. 142
24. qu’elle nous permettra de mieux résister à l’influence américaine. 147

25. qu’elle constitue la dernière chance du Canada anglais. 152
26. qu’elle redonnera confiance aux minorités françaises du Canada. 157
27. qu’elle nous forcera à repenser le sort que nous faisons aux autochtones du Québec. 162
28. qu’elle nous forcera tous à nous dépasser nous-mêmes. 166
29. qu’elle permettra aux jeunes Québécois d’inventer leur propre projet de société. 171

Conclusion 175

Source : Pierre BOURGAULT, OUI à l’indépendance du Québec, Montréal, Les Éditions Quinze, 1977, 179 p. Tous les titres des articles sont suivis d’un numéro de page. ISBN 0-88565-139-1

Bibliographie


Le Rassemblement pour un pays souverain a dressé une liste de « lectures suggérées » qui présente un intérêt particulier en ce qui a trait à l’évolution de la pensée indépendantiste au Québec. Les auteurs retiennent pour Pierre Bourgault les écrits suivants :

· Écrits polémiques : la colère, Lanctôt Éditeur, collection « L'histoire au présent ».
· Écrits polémiques 1960-1981, 1. La politique, Montréal, VLB Éditeur, 1982.
ISBN : 2-89005-158-7
· Écrits polémiques 1960-1981, 2. La culture, Montréal, VLB Éditeur.
· Maintenant ou jamais, Montréal, Stanké, 1990. ISBN : 2-7604-0372-6
· Moi, je m'en souviens, Montréal, Stanké, 1989. ISBN : 2-7604-0351-3
· Oui à l'indépendance du Québec, Montréal, Quinze, 1977. ISBN : 0-88565-139-1

vendredi 16 mars 2007

Pour un pays – indépendant et libre comme conditions sine qua non

Réflexion personnelle
d’un indépendantiste serein et raisonnable


Vendredi 16 mars 2007

Le Parti québécois nous a donné ce qu’il pouvait nous donner : deux échecs « référendaires » résultats d’un syndrome « référendaire », c’est-à-dire le résultat de l’ensemble des symptômes d’une maladie. Quelle maladie ? La peur de l’indépendance, l’impuissance à s’orienter vers l’indépendance, à y travailler avec régularité et à clarifier les obstacles à sa réalisation.

Toutes ces années d’existence du Parti québécois nous obligent à conclure que si avant toute chose nos gens ne veulent pas se séparer politiquement du Canada, s’ils ont toujours un sentiment d’appartenance canadienne, c’est évidemment dû pour une très large part au silence du Parti québécois sur l’indépendance, sauf durant l’année 1995, avant le virage de la souveraineté-partenariat-politique-et-économique (un schème politique qui remonte dans notre histoire du temps présent à 1968 avec la publication du manifeste Option Québec par l’équipe de Monsieur René Lévesque).

« Peut-être que le Parti québécois n’aura été que l’intermédiaire
entre les mouvements indépendantistes qui l’ont précédé
et la vraie lutte « finale » de libération nationale qui lui succédera. »

Après ces deux « référendums », il est clair que non seulement le Parti québécois nous amène à vouloir récolter trop vite la semence d’idées répandues par les indépendantistes, avant qu’elles n’aient eu le temps de germer et de croître suffisamment par un travail sérieux, méthodique, régulier et à long terme.

Mais il n’est même pas sûr que le Parti québécois n’ait pas voulu s’appuyer sur ce mouvement qui aspire à l’indépendance du Québec pour le détourner au profit de l’exercice du pouvoir provincial d’un bon gouvernement provincial. (Cette hypothèse mériterait d’être étudiée sérieusement compte tenu du fait que parmi un grand nombre de souverainistes plane une certaine pensée fédéraliste inconsciente. L’optique indépendantiste comme telle n’est pas vraiment entrée dans nos schèmes de penser et dans nos mœurs.)

Peut-être que le Parti québécois n’aura été que l’intermédiaire entre les mouvements indépendantistes qui l’ont précédé et la vraie lutte « finale » de libération nationale qui lui succédera.

Même s’il devait être battu, et disparaître, le travail qui nous a entretenu dans le bon gouvernement provincial n’aura pas été complètement inutile en ce sens qu’on pourra vivre dorénavant en fonction d’un militantisme moins superficiel basé sur les connaissances profondes de ce qu’est l’indépendance du Québec, ce que ce n’est pas, en fait sur ce que c’est que devenir une nation au sens intégral.

Vouloir devenir une nation au sens intégral, c’est vouloir agir suffisamment par soi-même, sans aucun autre pouvoir interposé, sans aucune autre collectivité interposée, dans sa vie économique, dans sa vie politique et dans sa vie culturelle, et ce tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Beaucoup d’indépendantistes ont rêvé dans ce Parti québécois que ce parti (et le Bloc Québécois) saurait s’organiser pour réussir à politiser les éléments de notre population qui ont de la difficulté à s’insérer dans une prise de conscience nationale.

Ce n’est pas en faisant appel uniquement à un enseignement de l’histoire nationale au primaire et au secondaire comme le pensent certains souverainistes que le fossé idéologie pourra être comblé. Une transmission des valeurs indépendantistes pour une nation subordonnée et annexée exige plus de la part de toute la collectivité nationale réunie et cela dépasse les appuis ponctuels et conjoncturels des syndicats.

Certes c’était rêver en effet que de penser, notamment, que ce Parti québécois, allait se lancer dans une campagne d’information nationale à la dimension du Québec, qui explique dans des mots simples mais vrais ce que change pour la société québécoise l’indépendance du Québec, dans sa vie économique (la richesse), politique (le pouvoir), et culturelle (le savoir…).

D’ailleurs, pour M. Boisclair, comme pour M. Landry, les Québécois n’ont pas d’ennemis. Le Canada-Anglais va accepter sans rechigner, sans se battre, – et en cette matière tous les coups fourrés sont permis –, de se voir diminuer de 24 % de ses contribuables, de 24 % de sa fonction publique, de 24 % de ce qui fait sa puissance ici et dans le monde.

Avec le Parti québécois nous sommes condamnés à tenter d’expliquer, à des gens qui ne nous croient pas et ne nous croiront jamais, la thèse de l’indépendance facile, une indépendance bonbon où nous n’aurions pas à faire face à de l’adversité. Comment alors nous aider et les aider, nous préparer, et les préparer, à désirer conquérir la liberté ?

« Le Parti québécois n’a pas voulu, et n’a pas pu, s’éloigner des sentiers battus de l’électoralisme. Il n’a pu que s’ajuster à l’opinion alors qu’il s’agissait plutôt, qu’il s’agit plutôt de tenter de la modifier. »

Encore aujourd’hui, les représentants du Parti québécois cherchent à convaincre les candidats des autres partis. Le Parti québécois est là à chercher à les convaincre et à chercher à nous convaincre que la souveraineté est le remède à rechercher puisque sans elle c’est le statu quo, (que nous sommes dans une Constitution que nous n’avons pas signé, dans une constitution « fédérale » irréformable), ou l’impossible réforme du fédéralisme. Or, cette « heure du choix » nous la vivons depuis tout près de 25 ans.

Ils ne se rendent même pas compte que cette approche ne nous fait, quand on est fédéraliste, qu’attendre une réforme du fédéralisme lorsque des gens de bonne volonté seront au pouvoir, qu’après plus de vingt-cinq ans de cette approche plus des deux tiers (2/3) des Québécois préféreraient le fédéralisme, ou une réforme du fédéralisme. Après vingt-cinq ans de cette approche, et l’échec de cette approche, elle n’est même pas questionnée. On en est toujours à désirer un fédéralisme d’ouverture, à demander au gens de devenir indépendantiste la mort dans l’âme, parce que l’indépendance ce sera un vulgaire pis-aller auquel nous devrions nous résigner faute de mieux.

Il n’en reste pas moins qu’outre la peur de l’indépendance que vit le Parti québécois, la peur aussi que cela éloigne du pouvoir provincial, qu’une partie de ceux qui ont voté pour le Parti québécois ont souhaité que le parti devienne un parti très différent des autres pour ce qui est de la formation de ses membres : à la fois un parti, et à la fois un mouvement indépendantiste où l’instruction politique et historique aurait été obligatoire et cultivée intensément. Des stages d’études, – pas seulement pour fabriquer des « collecteurs » de fonds et des travailleurs d’élection – pour les plus méritants qui auraient été organisés 1) au niveau des comtés (niveau local), 2) au niveau des régions, et 3) au niveau provincial. Pour occuper un poste dans le Parti, il aurait fallu avoir suivi la filière de ces études. Ces militants(es) auraient été alors armés(es) pour faire face aux adversaires de l’indépendance et pour renseigner la population en général sur les buts du mouvement indépendantiste.

Car il aurait fallu aussi, (dans une optique de travail, continu, à long terme), apprendre les grandes lignes de notre histoire à notre population, tout en l’éclairant sur notre véritable situation comme peuple (subordonné, annexé, privé de sa capacité d’agir par soi-même dans quantité de secteurs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) et que, par exemple, il n’y a pas de véritable autonomie sans posséder à la fois l’autonomie interne et l’autonomie externe (cela demande du travail, de la compréhension, cela demande du temps), tout en l’éclairant sur notre véritable situation comme peuple dans les cadres politiques actuels (une grande partie de notre population, – et de membres du Parti québécois – , ne sait pas ce qu’est le fédéralisme, la réforme du fédéralisme, le statu quo, l’isolationnisme, qu’est-ce que ces « bébittes » mangent en hiver).

En ce moment, avec le Parti québécois, faire la promotion de l’indépendance « tranquille », de l’indépendance facile, c’est comme annoncer à un(e) élève de ne pas s’en faire, que l’examen sera facile, très facile. Qu’arriverait-il si, tout à coup, l’examen s’avérait être moins facile que prévu ou si l’examen s’avérait être difficile ? L’élève coulerait. C’est de cette manière que le Parti québécois nous prépare.

Non pas qu’il faut se faire des peurs. Mais se dire la vérité. Des tensions. Des difficultés. Une transition. Un nouvel ordre. Une fierté. Accomplir davantage. Agir par soi-même et réussir à bien faire. Comme militants(es) réussir à faire plus et mieux par soi-même collectivement, pour soi-même collectivement, tout en devenant capable de concevoir l’indépendance qui donnera naissance à un pays indépendant, c’est-à-dire désannexé (en l’occurrence du Canada-Anglais et de l’État fédéral canadian).

Le Parti québécois n’a pas voulu, et n’a pas pu, s’éloigner des sentiers battus de l’électoralisme. Il n’a pu que s’ajuster à l’opinion alors qu’il s’agissait plutôt, qu’il s’agit plutôt de tenter de la modifier.

Dans ce Parti québécois, il n’existe, par rapport à l’indépendance du Québec, aucune formation de cadres, par exemple. Étant donné le but extraordinaire qui est censé être le sien, l’indépendance du Québec, il aurait fallu des écoles pour former les meilleurs(es) militants(es) à une action politique efficace. Cela 1) au niveau local (comtés), 2) régional, et 3) national. On aurait enseigné à ces futurs cadres les techniques d’animation « populaire », avec les nouvelles techniques ; notre histoire depuis quatre siècles – surtout celle de notre annexion au Canada-Anglais en deux temps, – en 1760, puis en 1840 –, et les théories sur l’accession à l’indépendance.

Lorsqu’on étudie les carences du Parti québécois, on découvre, qu’en réalité, il a peur de l’indépendance, il a peur que la séparation politique, – du Québec du Canada-Anglais –, soit trop bien comprise par la population. Dans l’atmosphère d’étouffement feutré que ce Parti a créée – en reportant tout à une prise de pouvoir, en reportant tout à une période référendaire, à un travail à courte vue, à du court terme à la dernière minute, évitant toute perspective d’une organisation qui travaille sur l’indépendance pour l’indépendance avant-pendant-et-après-les-élections, (gagnées ou perdues), avant-pendant-et-après-les référendums que nous avons perdus – n’est-ce pas un miracle que le OUI ait obtenu 40 % – en mai 1980 – , puis 49 % – en octobre 1995 – ?

Ce que trop de militants(es) de l’indépendance du Québec n’ont pas voulu voir et ne veulent pas voir du Parti québécois, c’est l’édulcoration de l’idée d’indépendance dont ce parti est responsable. C’est devenu une affaire de « référendum » pour faire du recrutement (référendum qui n’est qu’une technique juridique qui ne devrait servir que pour ratifier une volonté populaire déjà présente) et parfois, elle pourrait se réaliser dans un État « fédéral » multinational.

Au fil des années, il est devenu clair que le Parti québécois a besoin de ses militants(es) qui désirent que le Québec devienne un pays pour prendre le pouvoir. Les gens ne font pas des analyses compliquées, mais aujourd’hui ils sentent bien que cela ne fonctionne pas, que l’approche du Parti québécois ne nous mène pas à l’indépendance du Québec.

Une fois au pouvoir, comme on n’a pas convaincu une majorité de Québécois du caractère souhaitable, nécessaire et avantageux de l’indépendance du Québec, il lui faut tout reporter à un « référendum », gagnable, et en attendant le « référendum », être un bon gouvernement, tant l’indépendance a été une stratégie, une période de six mois (1979-1980) à douze mois (1994-1995) de travail en 33 ans (1974), une période courte, tout en faisant fi d’un mouvement d’éducation nationale qui aurait dû apparaître nécessaire, si on veut se préparer, faire avancer et réaliser l’indépendance.

Ajouter assez d’eau dans son vin indépendantiste pour prendre le pouvoir provincial mais pas trop pour ne pas perdre les militants(es) qui ne veulent pas entendre parler d’autre chose que d’indépendance, car il faut bien gagner le pouvoir provincial et être un bon gouvernement.

Et pendant ce temps, en jouant à ce petit jeu, le Parti québécois devient un éteignoir des espoirs d’une, puis deux, puis trois générations.

La crainte au Parti québécois de l’indépendance, et en conséquence l’omission de faire le travail nécessaire pour que l’indépendance progresse petit à petit, par du travail, risque de nous amener à la démission tranquille devant le poids du travail à faire pour faire prendre conscience de la nécessité de tout reprendre à neuf, à l’extérieur des Partis.

Oui, on a bien raison de souligner que la prise en compte des erreurs que nous avons commises avec le Parti québécois nécessite un travail véritable de pédagogie, car il faut comme disent les Anglais, penser tellement autrement – « think off the box ».

Les membres du Parti québécois préféreront continuer de se tromper de façon radicale et durable plutôt que de risquer de se sentir seuls : aller ensemble vers l’absurde d’un scénario impossible, rejeté en 1980 et 1995, car il autorise chaque acteur, militants(es), sympathisants(es), organisation et candidats(es) à donner au travail électoral électoraliste le sens qu’il veut. L’action du Parti québécois comme un but en soi, sans réfléchir sur les obstacles qui nous éloignent de l’indépendance du Québec, permet à tous de se retrouver dans le plaisir d’agir.

La fragilité et la nuisance de ce Parti vient de ce qu’il doit mobiliser ses membres indépendantistes pour gagner des élections et, pour ce faire, leur promettre que plus tard, dans une mobilisation rapide, ils pourront travailler pour qu’advienne l’indépendance du Québec.

En attendant les élections, en attendant le pouvoir, en attendant le « référendum », toujours en attendant à plus tard, le travail d’éducation nationale qui aurait dû apparaître nécessaire est évacué, car on n’arrive plus à voir qu’il pourrait en être autrement. Et c’est ainsi que nous avons perdu et que nous perdons des années précieuses.

Pour conclure, je crois que nous sommes dans une impasse. Pour l’indépendance, le Parti québécois n’a plus rien à donner. Il est temps de commencer à reconquérir notre autonomie de penser et d’action, les parties de l’héritage qui peuvent encore être sauvées de ceux et celles qui ont désiré et désirent que le Québec devienne un pays (indépendant et libre).

Un collaborateur anonyme