jeudi 30 novembre 2017

Actualité de la Nouvelle-France / Indépendance et mondialisme: Une quête perpétuelle d'indépendance sans possibilité de libération

 Recherche, affirmation et défense
 de l'indépendance : une nécessité nationale

 Trois mots dont il faut comprendre le sens.  La nation québécoise a un bout de chemin de fait quant à la recherche d'être  collectivement distincte. Quant à l'affirmation, du Régime français au Régime britannique, les Canadiens (français) n'ont eu de cesse de réclamer plus d'espace politique pour eux collectivement. Cette deuxième phase est bien connue. Sauf que la troisième étape  de la défense n'est pas encore assumée pour la maîtrise de sa VIE politique, économique et culturelle.  L'insatisfaction de cet échec est palpable.

«La quête perpétuelle indépendance» vient d'être décrite par Gille Verrier sur son Site Internet.

Actualité de la Nouvelle-France / Indépendance et mondialisme: Une quête perpétuelle d'indépendance sans possibilité de libération

À partir de sa réflexion, je propose le commentaire qui suit.


Les péquistes comme tous les autres partis politiques au Québec (provinciaux et,
évidemment, fédéraux) occultent le conflit politique qui oppose deux nationalismes. L’explication historique du conflit est exposée par Maurice Séguin dans Les Normes et dans Histoire de deux nationalismes au Canada (1997).
 

Cela dit, il manque l'ACTION pour combler un besoin d'indépendance nationale. Cette préparation ne peut se faire que par un travail de sape auprès du public québécois. Or, les forces obscurantistes s'acharnent à faire une analyse sociale associée à la réforme au lieu de nationale, c’est-à-dire relatif à l’agir (par soi) collectif de la nation québécoise. D'où le ton plaintif perpétuel à l'endroit du DOMINANT. Nos journaux au Québec donnent dans la mièvrerie. Le PQ est incapable de se mettre en ACTION. Il ne parvient pas à sortir de l'ornière de la pensée fédéraliste de la réforme. Cette erreur de jugement de la majorité des «indépendantistes » (!) ne mène nulle part, sinon dans l'agonie prolongée. Tous les essais sur notre statut de colonisé n'ont pas encore porté fruit.

Pendant ce temps, la société se trouve devant un mur compte tenu que l’élite indépendantiste est incapable d’expliquer les fondements du fait d’une nation INDÉPENDANTE. D’où la fatigue, le découragement et le désœuvrement de la
population. L’élite indépendantiste, si elle existe, manque de cran.  Sur ce point, Gilles Verrier l’explique clairement.


La leçon à tirer de cette situation, c’est qu’il faut des MOTS pour DIRE ce que c’est
que l’indépendance d’une nation.
Voici les mots utilisés par Maurice Séguin pour le dire : «C’est la nation (au sens sociologique) qui maîtrise comme majorité un État souverain  Avez-vous entendu un seul péquiste ou un indépendantiste vous dire la chose aussi clairement que cela ?  Réfléchissez... Car nos débats ne sont que dans le ton plaintif contre le régime existant en vue de le réformer. Une perte de temps et peine perdue. Cet atavisme est à démasquer. Le travail consiste à dire les choses autrement et dans le bon sens.


Bruno Deshaies
 Treize leçons sur l’indépendance et l’interdépendance. Indépendance politique du Québec. 

Consulter :








samedi 12 août 2017

Comment en finir avec nos incompréhensions nationales ?


Maurice Séguin nous permettrait de résoudre l’imbroglio.

Bruno Deshaies  2017-08-12 




La très controversée lutte des Patriotes au cours des années 1830 vient de reprendre avec Philippe Couillard, le 22 mai, à l’occasion de la fête officielle de la Journée nationale des Patriotes. Le drapeau des Patriotes ne sera pas hissé au sommet de l’édifice du Parlement à Québec. Le chef du Parti libéral s’est opposé à le faire.

Le 1er juin,  pour se reprendre et montrer son ouverture d’esprit, il profite d’un contexte politique qui lui est défavorable pour dévoiler précipitamment sa «Politique d’affirmation du Québec et  de relations canadiennes».  Il veut  saisir, dit-il, «une  occasion  de  réengager  un  dialogue  significatif  sur  la  place  des  différentes  composantes  nationales  du  pays» (p. 2). Se faisant, il est stupéfié par l’option indépendantiste. Mais il occulte sciemment le drame national du statut d’un Québec fédéré.

Pour sa part, le gouvernement Trudeau maintient, en 2017, une énième offensive massive d’appropriation de l’histoire à des fins de valorisation du passé pour la consolidation d’une mémoire canadian, soit de la défense de l’idéologie fédéraliste et aussi d’une conscience nationale pan et pro-canadienne d’un océan à l’autre. D’où l’imbroglio pour la majorité d’origine canadienne française et de tous les autres qui adhèrent à la civilisation canadienne-française québécoise de se prévaloir de la reconnaissance du statut de nation indépendante.

Histoire DU Canada ou histoire DES deux Canadas ?


Dès les années 1940, au sujet de l'histoire du Canada, l’historien Maurice Séguin s’interrogeait déjà sur l’article défini «du» qui devrait plutôt être remplacé par l'article indéfini «des» au pluriel, soit l’histoire des deux Canadas.  Ses lectures, ses analyses des documents, son souci de vouloir comprendre la Grande histoire ainsi que ses réflexions sur l’histoire des nations l’on finalement conduit à la conception d’un précis qu’il a intitulé Les Normes. Dès l’Introduction, il s’explique :

«Ces normes s’apparentent à un exposé logique (au lieu d’un exposé chronologique).
C’est presque de l’histoire.  Pour qui connaît l’histoire traditionnelle, ces définitions indiqueront immédiatement le sens de la nouvelle interprétation.»

Il s’est donné la tâche de rédiger un véritable compendium en vue de répondre au besoin d’un savoir approprié à l’étude du «national » qui se rapporte aux relations entre les collectivités ― sans toutefois sous-estimer l’importance du «social». Il clarifie explicitement son point de vue dans Histoire de deux nationalismes au Canada (Guérin, Éditeur, 1997, p. 5). Il écrit :

«Le nationalisme n'épuise pas toute la réalité dans l'histoire.  Le nationa­lisme n'est pas le seul aspect important.  Il y aurait, par exemple, à tenir compte de la dimension sociale.  À lui seul, le social demanderait un long exposé.  Nous n'avons pas le temps de nous arrêter à cet aspect de la réalité.  Je crois qu'il est plus utile d'étudier d'abord l'aspect national.»

Ce qui peut nous faire comprendre que Maurice Séguin n’est pas le père du néonationalisme comme certains tentent de nous le faire croire. Plutôt, il est essentiellement le créateur d’une pensée ordonnée afin de mieux analyser les phénomènes primordiaux de la vie des individus, des sociétés ou des nations afin d’expliquer les effets de leur trajectoires historiques. À la question : « Qu’est-ce que l’histoire ? » Giambattista Vico répond : «L’histoire est le témoin du temps.» Car il y a toujours en histoire un avant, un pendant et un après (hier-aujourd’hui-demain). Les strates du temps ne doivent pas être occultées. Voici le conseil de l’historien Guy Frégault, spécialiste de l’histoire de la Nouvelle-France, au sujet du temps présent. Je cite :

«Le sol de la culture présente plusieurs strates. En profondeur, on heurte un socle de siècles ; à la surface, le vent de l’actualité agite une poussière d’événements.» (Guy Frégault, Chronique des années perdues, Montréal, Leméac, 1976, p. 59.)

En ce sens, Les Normes veulent échapper à ce travers de discontinuité de la temporalité de l’histoire. Elles cherchent à comprendre la durée et le changement ― les causes et les effets mais aussi l’explication historique.

Les Normes en histoire de Maurice Séguin


Ce véritable vade-mecum propose une approche universelle de la Grande histoire.  Voici comment l’auteur s’explique à ce sujet.

 «On ne parvient à l’acte essentiel du travail historique : le choix des faits, le jugement, l’appréciation, qu’en recourant, non pas à des recettes mais à des normes dont la valeur, la richesse et la complexité dépassent et déclassent les procédés méthodologiques.»

Pour y parvenir, il a choisi un style qui doit être mis en lumière. D’abord, il a voulu exprimer sa pensée dans un langage qui n’exige pas nécessairement d’avoir un dictionnaire à côté de soi.  Pourtant, les idées sont fortement concentrées et solidement structurées. Il faut prendre le tout et les parties et vice versa.  Globalement, c’est sous la forme d’un ensemble d’énoncés qui  alimentent d’idées ses raisonnements pour chacune des parties de l’œuvre. Par exemple, la section consacrée au «nationalisme» est placée dans le cadre de la division intitulée : «Tentative de décrire la nation». Vous n’y trouverez pas une miette de cette affreuse connotation de «néonationalisme» mais plutôt une description du fait nationaliste. On n’est pas dans l’historiographie mais dans l’Histoire.

L'édition que je propose de cet opus magnum est une version authentique accompagnée d'un appareil critique qui met en évidence la structure et les nuances de la pensée de Maurice Séguin. Elle couvre l'époque de la rédaction de sa thèse de doctorat, puis de celle de 1946 à 1956 où il a saisi l’occasion, en 1956, de présenter une communication à la réunion annuelle de la Canadian Historical Association  tenue à l’Université de Montréal. Il expliqua son interprétation de «La notion d’indépendance dans l’histoire du Canada : 1. Le concept d’indépendance d’une collectivité ; 2. La courbe historique de l’indépendance des deux Canadas.»  
Dans de ce résumé, on trouve l’essentiel de la «nouvelle interprétation» de l’histoire du Canada français avant et après 1760.

Voilà une histoire que tous les Québécois et Québécoises devraient connaître avec objectivité. Mais il y a un hic ! Le problème consiste à trouver un éditeur au Québec. Quant au milieu universitaire, il est réfractaire au problème des deux nationalismes au Canada. Pourtant, le fait existe de la distinction, au-delà de sa différence, de la société nationale québécoise dans le système canadian.  N’existe-t-il pas aussi une façon d’être Québécois en tant que nation indépendante ? La question se pose depuis de nombreuses générations de «Canadiens».

Une nouvelle approche et une nouvelle interprétation de l’histoire canadienne


Cette œuvre originale et unique permettrait, entre autres,  d’éclairer la population sur les enjeux du thème «Fédéralisme et nationalités» dans son chapitre consacré à la «sociologie du national». Le public québécois pourrait découvrir toute la perspicacité de son analyse sur les deux thèses qui se heurtent entre la «foi» indépendantiste et la «foi» fédéraliste. Cette analyse critique vaut pour tous les types d’«union fédérale» des États fédéraux ou de quasi-union fédérale. Dans cette perspective, il est possible de comprendre le statut de la nation «lorsqu’elle ne parvient pas à obtenir un État souverain». Dans un tel cas de figure, cette nation est une nation annexée : elle subit une «subordination sur place et superposition».  

Au sujet du fédéralisme, il décortique les trois optiques de cette réalité : 1. L’optique indépendantiste ; 2. L’optique impérialiste et 3. L’optique fédéraliste.  Il écrit  au sujet de l’indépendance :

«La notion d’indépendance d’une nation ne peut donc porter, d’une manière générale, que sur l’ensemble d’un groupe d’individus qui se reconnaissent comme une collectivité distincte et une, sans trop s’interroger sur les parties…
Les nations souveraines sont en réalité des empires où souvent l’assimilation des éléments n’est pas toujours terminée…» [Les points de suspension sont de Maurice Séguin.]

Toute la pensée politique devrait s’enrichir de cette œuvre unique pour se libérer des illusions fédéralistes. Et voir enfin la différence entre le «national» et le «social».  Puis de se dire que :

«Tout nationalisme complet est séparatiste.
Le nationalisme est le contraire de l’isolationnisme.  
La coopération internationale n’est possible que s’il y a nation”.»

Bien sûr, les fédéralistes vous diront le contraire ! Est-ce la preuve qu’ils ont raison ? Eux aussi doivent voir les deux côtés de la médaille en ayant à l’esprit que la notion de vie d’une société se rapporte essentiellement à la notion d’agir (par soi) de cette société. Ce serait se gouverner soi-même et vivre avec les autres, dans la collaboration, mais par soi collectivement. N’est-ce pas un bien en soi ?


Bruno Deshaies, historien et auteur du site Internet Le Rond-point des sciences humaines. 



 

jeudi 2 février 2017

Conctact

Bonjour monsieur Deshaies,

me recevez-vous?


Pierre Duchesne

mardi 10 mai 2016


INDÉPENDANCE POLITIQUE DU QUÉBEC  448

 HISTOIRE «nationale» DU QUÉBEC
Quel rôle l’État du Québec peut-il jouer ?

Chronique de Bruno Deshaies, 9 mai 2016  
Au moment où nous avons appris le départ canon de Pierre Karl Péladeau de toutes ses fonctions politiques, cette chronique était en cours de rédaction depuis quelques semaines. Nous croyons malgré tout qu’elle demeure complètement d’actualité.  Monsieur Péladeau avait conscience que son action devait se développer sur deux fronts : un premier front, celui de l’action politique incontournable et, un deuxième, celui d’une réflexion sur la réalisation de son désir d’indépendance politique. En s’inscrivant dans le milieu politique, il a créé des espoirs et une bouffée d’air frais qui ne devraient pas se tarir. En effet, il a décidé après ce départ inopiné de prêter à l’Institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI) des ressources financières pour qu’il puisse se mettre en marche. (C’est une idée que j’ai défendue depuis une quinzaine d’années[i](1). La présente chronique se situe dans le prolongement de la Chronique 447 du 18 avril. Sur cette tempête inédite, le moment est venu d’exercer son esprit critique sur le flot des discours qui traite de «la question nationale» – cette expression éculée qui ne dit pas exactement l’intention de l’indépendance politique du Québec. La documentation considérable que nous mettons en lumière dans cette chronique nous montre que nous ne pourrons pas en demeurer indéfiniment à nous ausculter dans le menu détail et se satisfaire de décrire dans toutes les directions l’état du Québec.  Il faut faire le bilan critique de notre pensée politique dans l’optique indépendantiste et s’atteler à la tâche de conquérir le public sur le bien-fondé des avantages nationaux d’être indépendant collectivement.  Pour l’être véritablement, il faut que l’agir (par soi) collectif exprimé par tous ses membres lui permette efficacement de faire face eux-mêmes aux problèmes de la vie nationale tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.  Cette condition est nécessaire pour s’assurer la maîtrise de sa vie politique, économique et culturelle selon ses propres finalités d’où le rôle considérable qui doit être attribué à l’État pour réglementer, soutenir, corriger, défendre la vie collective nationale des Québécois.

 Winston Churchill
 «Plus vous saurez regarder loin dans le passé,
plus vous verrez loin dans le futur.»

Tout l’agir humain est du domaine de l’histoire.  Car il s’agit de l’histoire avec un grand H, c’est-à-dire de toutes les sortes d’activités humaines passées. Entreprendre de comprendre l’histoire du Québec, c’est accepter de remonter  jusqu’à ses origines en Nouvelle-France et suivre son parcours historique en Amérique du Nord de 1534 à nos jours.  «Regarder loin dans le passé» n’est pas une fantaisie de la recherche, car il existe des ancrages qui pèsent lourdement sur le présent.  Le présent n’échappe pas au temps historique qui relève de l’avant et de l’après, c’est un continuum.

Malgré le Passé vécu,  il existe quand même toute cette réalité mystérieuse de l’intervention de l’intelligence et de la volonté de l’être humain, c’est-à-dire de voir « plus … loin dans le futur».  Toutefois, il faut des forces latentes existantes pour justifier un redressement de situation. Est-ce possible  que l’intelligence et la volonté, à un moment donné, puissent mettre les ardeurs en œuvre par la parole, au gré de la fantaisie, en un rien de temps, sans tenir compte de la nature et des forces présentes ?  Comment peut-on être sûr d’être capable de modifier jusqu’à un certain point le cours des événements ? Dans ce cas de figure, les politiques surtout auront à apprendre à savoir «regarder loin dans le passé» pour s’assurer de voir «loin dans le futur» sachant que c’est dans le présent qu’ils agissent, donc qu’ils doivent reconnaître pour l’action les exigences de la tactique tout en sachant ce que sait que l’indépendance.  En outre, ils auront à admettre que la vérité se révélera plus profitable pour faciliter l’action immédiate et lointaine. Cette vision créatrice les rendra plus lucides. 

Notre histoire du Québec se divise en deux grandes périodes : un Premier Canada, avant 1760, et un Deuxième Canada, après 1763.  Le premier pays a d’abord été celui des colons Français (canadiens) ou Canadiens (français) et Canadiens tout court (les «canayens»). Après 1763, ce sera le début du Canada britannique. «Désormais, écrit l’historien Maurice Séguin, le territoire canadien est ouvert à une nouvelle colonisation. […] Le Canada français ne sera plus seul.» Les «Canadiens» connaîtront une nouvelle aventure historique sous une autre forme de colonisation.  Dans ce deuxième pays (britannique) où ils deviennent graduellement des canadiens-français (de souche ou d’adoption) avec toutes les caractéristiques d’une nation au sens général et sociologique du terme.  Comme société, ils forment un tout complexe, un réseau d'habitudes (expérience, initiative), de traditions, de capitaux, de techniques  politiques, sociaux, économiques et culturels, bref une entité socio-politique avec des valeurs communes.  L’histoire a voulu que le Canada-Français persiste dans le temps mais en subordination sur place en tant que nation annexée.  Leur autonomie partielle de 1867 ne leur redonne pas les pouvoirs et les droits qu’ils possédaient avant 1760. L’État local de la Province de Québec est un État fédéré avec des compétences politiques limitées.  Ce constat est indéniable. 

I.- L’ÉTAT DU QUÉBEC 

Comment les Québécois et les Québécoises  peuvent-ils entrevoir le Futur ?  Ce serait donc la troisième période de notre histoire.  Celle-là est cruciale, car elle vise la désannexion de la nation québécoise de la nation canadian afin d’accéder librement et collectivement au statut d’égalité de droits  au plan international.  Qu’est-ce à dire ? 

Pour en arriver là, il faudrait que l’État du Québec, comme unité politique, ait le droit de  

[a] posséder la maitrise des décisions à prendre et de leur exécution à son propre niveau national ;

[b] décider de se soumettre ou non aux décisions majoritaires absolument contraignantes aux instances internationales ;

[c] se réserver le droit d’exécuter ou de ne pas exécuter les « ordres » suggérés par la majorité internationale.  

Tel est le seuil minimum du respect de l’indépendance des nations membres de l’organisation mondiale internationale.  Dans ce cas de figure, le Québec deviendrait véritablement une nation indépendante.  Ce n’est pas une monomanie ou une lubie que de le dire ouvertement et publiquement.  Mais il faut le dire afin que le public partage majoritairement cette vision du futur et que l’action mette les ardeurs à l’œuvre.  Cependant, l’action va exiger d’éviter de se mettre dans l’impossibilité de comprendre d’une manière réaliste la complexité de la situation actuelle.  Agir autrement,   

– c’est s’exposer à gaspiller en pures pertes ses meilleures énergies en combattant inutilement l’inévitable (pour le moment ou pour toujours (peut-être ?); 

 – c’est diminuer ses moyens de circonscrire le mal ;

 – c’est même risquer d’aggraver la situation et d’accroître les dangers de démission chez la masse, en préparant un dur et tardif réveil. 

Il est donc important que l’on surmonte les tentations de découragement. 

Une politique publique «nationale» surpasse en complexité toutes les politiques publiques «sociales» auxquelles se cramponnent nos chercheurs et sur lesquelles s’abandonnent nos conseillers de l’État du Québec. Il faut bien comprendre que l’ordre de grandeur du problème que pose la recherche de l’indépendance nationale du Québec affecte inévitablement les autres nations compte tenu de la finalité et du résultat attendu, voulu et défendu avec détermination.   

Afin d’observer toutes les facettes de ces exigences, il existe à notre disposition des outils de connaissance sur cette vie collective qui est enracinée dans l’histoire de ce Premier Canada depuis la fondation de Québec en 1608.  Il faut prendre conscience que malgré les vicissitudes de notre parcours historique, les Québécois ne cessent de continuer à rechercher cette possibilité de s’émanciper.  La première étape à franchir serait de faire accepter par une majorité démocratique au Québec que l’émancipation nous permettrait d’agir par nous-même collectivement et librement.  

Avant de parler d’autodétermination et de referendum, il serait préférable de prendre conscience de ce que nous sommes, des moyens dont nous disposons et, surtout, d’apprendre à faire accepter par le public cette vision du futur.  Les indépendantistes doivent sortir de l’esprit de «l’entre soi et les autres»[ii](2). Ils ont l’obligation de se mettre à l’écoute de d’autres points de vue qui préoccupent les indépendantistes sincères et honnêtes.  Les tours d’ivoire du mouvement indépendantiste nuisent au développement de l’idée indépendantiste par leur relégation.  Le Parti québécois et les organismes qui orbitent autour de la souveraineté du Québec devraient concentrer leur énergie sur l’optique indépendantiste surtout quand il s’agit d’un cas de  figure entre fédéralisme vs nationalités. http://www.rond-point.qc.ca/rond-point/histoire/seguin/sociologie-du-national-federalisme-et-nationalites-6/  Les indépendantistes ont le devoir de démasquer et de démystifier le fédéralisme en tant que solution-magique dans les rapports entre les nations. Car il n’y a pas d’objection dirimante quant aux relations entre l’indépendance et l’interdépendance.   

Étant donné que les Québécois veulent échanger dans le monde, ils ne devraient pas craindre les répercussions de la vie internationale (extérieure) sur la vie nationale (intérieure). Il est même souhaitable de rechercher le plus possible les contacts extérieurs, afin d’enrichir sa vie intérieure.  Une grande partie des relations extérieures seront surtout des défis stimulants qui provoqueront des progrès (politiques, économiques, culturels) intérieurs.  La contrepartie exige pour une nation souveraine un rôle considérable de l’État pour réglementer, soutenir, corriger, défendre la vie collective nationale. L’État du Québec actuel possède certains atouts qu’une bonne étude de ce que nous sommes pourrait nous révéler. 

 Essayons de savoir ce que nous sommes.  
 
2011 Langue maternelle : Québec vs Montréal
 
Source : Institut de la statistique du Québec 2016

Lire la version intégrale...

[i] Le 28 octobre 2009, j’avais fait parvenir à Monsieur Péladeau, Président et chef de la direction de Quebecor, un message électronique dont l’objet était formulé ainsi : «Pour un projet d’éducation à l’indépendance contre l’annexion du Québec.»
 
[ii]  Consulter la présentation de Sylvie Tissot (dir.), « Les espaces de l’entre-soi », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 204, 2014. http://lmsi.net/Entre-soi-et-les-autres  Sur cette question de psychologie sociale et de sciences sociales, les indépendantistes auraient une petite réflexion à faire entre eux. https://lectures.revues.org/15551