jeudi 7 août 2008

Entre la légitimité canadienne et le point Omega de l’indépendance

« L’opinion publique peut-elle aller plus vite que celle de ses élites… »

Selon un chroniqueur de Vigile.net, monsieur André Savard, la position des défenseurs de l’indépendance du Québec constituerait « une haute forme de catéchèse » qui serait « le point Omega de l’indépendance ». Quel compliment ! Ne vous trompez pas. Pour monsieur Savard, les indépendantistes négligent « le support de l’opinion publique tel qu’il s’offre aujourd’hui ».

Une question se pose. L’opinion publique peut-elle aller plus vite que celle de ses élites sur le thème de l’indépendance du Québec ? Nos élites nagent dans la confusion et ainsi va l’opinion publique bombardée par la propagande de Radio-Cadenas et tous les supports électroniques très nombreux d’ordre institutionnel qui distillent jour et nuit la pensée fédéraliste. On aimerait bien connaître la pensée du silencieux Gérald Larose sur les propos anthropologiques de monsieur Savard au sujet de l’indépendance collective de la nation québécoise. Que fait le Conseil de la souveraineté en ce moment.

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« La position du Québec »
http://www.vigile.net/Nouvel-article,14575

mardi 5 août 2008

Le PI fera-t-il à lui seul l’indépendance du Québec ?

Le PI et le mythe de la division du vote indépendantiste


Éric Tremblay affirme :

« Si tous les indépendantistes ne participent pas au développement du P.I., il en sera fini de l’indépendance. Nous mourrons tous Canadians et plus vite qu’on ne le croit. »

Remarque liminaire :

La situation des Québécois-Français n’est pas de tout repos au sein du Canada. En revanche, l’indépendance du Québec offrirait aux Québécois des moyens supérieurs et plus étendus pour défendre ses intérêts nationaux comme il le pense et comme il le veut dans un nouveau contexte de relations interétatiques et non de subordination politique et d’annexion, soit de subordination sur place tant politique qu’économique et culturelle.

Réaction au texte d’Éric Tremblay (voir le lien à la fin de ce texte) :

4 août 2008

Les indépendantistes se combattent comme des diables dans l’eau bénite. À chacun sa vérité. Pourtant, nous avons une histoire qui peut nous faire comprendre que sans l’union de tous les indépendantistes, aucun parti politique ne sera en mesure de faire à lui seul l’indépendance du Québec. Ils doivent tous se rallier, se mettre ensemble et faire le forcing nécessaire pour METTRE ENFIN AU MONDE LA COALITION AU SEIN D’UN MÊME MOUVEMENT.

La division du vote indépendantiste ne peut pas être un mythe. Lorsqu’un parti politique devient officiellement reconnu par le DGE, il accepte de facto d’entrer en lutte contre les autres partis politiques. Les luttes électorales sont de cette nature et elles demeureront toujours des luttes DANS le régime.

Quant au « si les indépendantistes… », on ne peut pas conclure ipso facto qu’« il en sera fini de l’indépendance » après l’échec du PI. Cette vision est terriblement réductrice des forces agissantes dans l’histoire.

Raisonner de cette manière, c’est supposer que le PI, même s’il gagnait l’élection, n’aurait d’opposition ni au Parlement ni dans la société québécoise et canadienne. Rappelons que quand on est un parti politique officiel, il faut suivre des règles établis par défaut – la démocratie l’exige. Les adversaires du PI lui apprendront à la dure s’il déroge à ces règles ainsi qu’aux normes démocratiques. Ils ne lui feront pas de quartiers. Là, comme ailleurs, c’est la loi du plus fort (ET DANS CE CAS, C’EST LE NOMBRE) qui sera toujours la meilleure comme nous l’a enseigné le fabuliste LaFontaine dans Les animaux malades de la peste.

Il faut maintenant se placer au plan des faits. Par conséquent, évitons donc l’intelligence sophistique (cf. « Bref débat… » ci-dessous).

Annexion ou indépendance ?
http://blogscienceshumaines.blogspot.com/2008/08/annexion-ou-indpendance-histoire-de.html

Bref débat au sujet de la série de chroniques sur l’histoire des deux Canadas.
http://blogscienceshumaines.blogspot.com/2008/08/bref-dbat-au-sujet-de-la-srie-de.html

Éric Tremblay, « La division du vote indépendantiste : un mythe. »
http://www.vigile.net/La-division-du-vote#


Bruno Deshaies

5 août 2008

lundi 4 août 2008

BREF DÉBAT AU SUJET DE LA SÉRIE DE CHRONIQUES SUR L'HISTOIRE DES DEUX CANADAS

INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 330
Le Canada actuel (30)
Une population dispersée, une grande mosaïque multiculturelle, les résidus d’un Canada-Français bilingue, le Québec toujours province et un CANADA indépendant, mais État-Nation satellite des États-Unis
Bruno Deshaies
Vigile.net, jeudi 19 juin 2008
ICI : http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

Nous donnons ci-dessous l’opinion d’un internaute sur cette dernière chronique ainsi que notre réponse à son point de vue.

Vos commentaires:

Le Canada actuel (30)
19 juin 2008, par Gilles Bousquet

Vous concluez : « L’histoire du régime de l’Union nous démontre la nécessité d’unir les efforts des souverainistes plutôt que de mener continuellement des luttes intestines. »

Très bien mais, qui va lâcher le premier ses principes et ses idées fixes pour joindre un groupe uni de souverainistes ? Québec solidaire plus à gauche que souverainiste ? Le PI dont les dirigeants pensent que le PQ est un groupe d’arrivistes fédéralistes, trop mous de l’option, l’ADQ qui ne semble plus trop savoir ce qu’il souhaite comme autonomie sauf que ça doit être à droite et dans le Canada ou le parti Vert, full-fédéraliste ?

Le Canada actuel (30)

RÉPONSE :

Doit-on « lâcher le premier ses principes et ses idées fixes » ?

4 août 2008 Bruno Deshaies

Je veux bien respecter l’opinion de cet internaute mais l’ANNEXION c’est l’ANNEXION que ce soit dans une fédération ou une confédération, c’est la même chose. Que le régime soit peu ou très centralisé, ce fait ne change rien aux effets néfastes du fédéralisme d’un point de vue indépendantiste.

À tous les sceptiques, je conseillerais de consulter le célèbre mémoire de la Société Saint-Jean-Baptiste présenté le 13 mars 1954 à la commission royale d’enquête sur les problèmes constitutionnels créée par Maurice Duplessis. Le 25 octobre 1954, dans une « Lettre – Préface » à l’occasion de la publication du mémoire, le président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Me J.-Eugène Therrien, écrivait :

« Ce volume, intitulé CANADA-FRANÇAIS ET UNION CANADIENNE, s’adresse à tous les Canadiens français qui n’ont pas renoncé à l’avenir de leur nationalité. (p.10) »

Ce mémoire était en quelque sorte un manifeste de 127 pages contre les défenseurs assidus de l’UNITÉ CANADIENNE.

On y lit sous le sous-titre de « Réforme constitutionnelle » l’énoncé suivant :

« Ayant prouvé sa ferme volonté de défendre, sans provocations inutiles, l’autonomie culturelle des Canadiens français, l’État provincial du Québec sera en mesure de demander à son partenaire anglo-canadien de compléter le statut spécial que la constitution de 1867 lui avait accordé. (p. 124) »

Le mémoire ajoute immédiatement certaines précisions :

« La question se ramène toujours à ceci : donner à la minorité canadienne-française, habitant en immense majorité l’État provincial du Québec, le minimum de sécurité pour assurer son autonomie culturelle en s’arc-boutant sur un gouvernement provincial canadien-français capable de le soutenir. (p. 124) »

Cet état d’esprit est brièvement expliqué dans la Conclusion de la section consacrée aux « Relations entre le Québec et le Canada Anglais » (p. 115-125) du mémoire :

« On peut résumer ainsi le programme tracé :

« Il est nécessaire pour les Canadiens français de prendre conscience qu’ils forment une Nation-État (1). De même que les Anglo-Canadiens s’appuient sur le gouvernement central comme sur leur pôle politique naturel, les Canadiens français doivent apprendre à considérer leur gouvernement provincial du Québec comme le gardien légitime du bien commun de leur nationalité. Ils s’efforceront d’en faire un grand gouvernement moderne, pleinement conscient de ses lourdes responsabilités et ayant la ferme volonté et les moyens de s’en acquitter.

« (1) Nous employons l’expression Nation-État dans un sens très particulier. La Conquête de 1760 a enlevé aux Canadiens français la liberté de devenir une Nation-État souveraine. Néanmoins, ils ont obtenu un État provincial qu’ils peuvent mettre au service de leur nationalité. »

À cette conclusion s’ajoute une Conclusion générale où l’on peut lire les intentions des auteurs du mémoire (dont on sait que l’auteur principal fut l’historien Michel Brunet, professeur d’histoire à l’Université de Montréal).
VOIR : http://www.rond-point.qc.ca/histoire/rin/manifeste.html

Pour résumer la position de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, citons deux paragraphes du Chapitre sixième et dernier chapitre du mémoire.

« Ce Mémoire propose un programme politique, économique et social susceptible d’apporter au problème canadien-français une solution moins incomplète que celle que les générations précédentes ont dû improviser. L’heure des cataplasmes est passée. Les Canadiens français de 1954 ont les moyens d’action que leurs ancêtres, malheureusement, n’avaient pas. Sauront-ils les utiliser ?

[…]

Les Canadiens français continueront-ils à se soumettre presque sans réagir aux déterminismes de leur tragique histoire ? Auront-ils le courage de leur opposer une volonté unanime de résistance ? La réponse appartient aux générations actuelles. Celles qui suivront n’auront plus la liberté de choisir. (p. 126 et 127) »

O O O

Maintenant que l’option indépendantiste a été choisie par une bonne partie de la population québécoise, faut-il continuer à en débattre éternellement ?

L’indépendance n’est pas une question de générations ou d’individus, c’est un SUJET collectif, NATIONAL.

Ce problème ayant été débattu abondamment au cours de notre histoire, pourquoi faudrait-il, à la fin, revenir inlassablement à la case départ ? Pourquoi imaginer qu’une génération ne peut pas continuer avec l’autre le même combat sans s’arrêter en cours de route à cause de l’âge, de la maladie, de la vieillesse ou de la fin d’une carrière riche de sens et d’accomplissement ? Pourquoi tous ces replis ? Quelle peut en être la justification ? Faut-il croire que les générations successives n’y croyaient pas vraiment ? Si c’était le cas, ce serait une véritable tragédie nationale.

Nous comprenons l’exaspération de monsieur Gilles Bousquet. Nous comprenons qu’il désire trouver une solution pertinente au sort des Québécois-Français comme nous comprenons qu’il a le droit de raisonner dans l’optique fédéraliste. Malheureusement, l’avenir est complètement bloqué et, par conséquent impraticable dans cette direction.

Un coup d’œil sur les deux événements qui suivent pourrait faire réfléchir les sceptiques indépendantistes.

1991 Adoption du rapport Allaire par le Parti libéral du Québec
9 mars 1991. Lors du 25e congrès du Parti libéral du Québec (PLQ), Jean Allaire présente un rapport intitulé « Le Québec libre de ses choix ». Il presse le gouvernement provincial de récupérer d’Ottawa de larges responsabilités et pouvoirs.
ICI : http ://www.bilan.usherbrooke.ca/bilan/motsClesCheck.jsp

1994 Tenue du congrès de fondation de l’Action démocratique du Québec
6 janvier 1994. Plus de 600 militants sont réunis à Laval pour prendre part à la formation d’un nouveau parti politique québécois : l’Action démocratique du Québec (ADQ). Satisfait par le travail accompli au cours de ces journées, un des pionniers du parti, Jean Allaire, déclare : « nous sommes le parti de l’avenir ».
ICI : http ://www.bilan.usherbrooke.ca/bilan/motsClesCheck.jsp

Cette histoire à court terme s’inscrit nécessairement dans la grande histoire des Québécois-Français d’hier à aujourd’hui. Niez ce fait de longue durée, c’est faire la politique de l’autruche. Les beaux parleurs pourront pérorer indéfiniment en appelant à la barre la philosophie politique, le pragmatisme politique, le bon sens du charbonnier, l’appel de la race ou les récits historiques anecdotiques que les forces profondes de l’histoire canadienne ne changeront pas pour autant.

Les indépendantistes n’ont pas une fixation. Au contraire, ils affirment sciemment, consciemment et démocratiquement que le principe indépendantiste de l’autonomie interne et externe vaut autant que celui du fédéralisme des États-Nations souveraines. Alors, ils souhaitent persuader leurs concitoyens de la valeur et de la légitimité politique de leur point de vue. Les accuser de défendre une idée fixe relève de la partisannerie politique et d’une certaine forme de mesquinerie intellectuelle.

Si l’on reprend le mémoire de 1954 de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, force est d’admettre que le Québec a pu se développer depuis cinquante ans. Cependant, il est toujours coincé dans le Canada entre l’assimilation totale et l’indépendance complète sinon il vivra en appendice éternellement quémandeur de subsides, comme il l’a toujours fait. Or, ce n’est pas l’OPTION des INDÉPENDANTISTES.

Cette voie, apparemment plus périlleuse, a le grand mérite de rendre la collectivité québécoise responsable globalement de tout ce qu’elle aura à faire en étant servi par un État québécois souverain. Elle deviendra au sens fort du terme « maître de son destin » en apprenant à vivre avec les autres, mais par soi.

(30)

ANNEXION OU INDÉPENDANCE ?

Histoire de deux nationalismes au Canada

Maurice Séguin
Cours HIST-585
Département d'histoire
Université de Montréal
1961-1962

Au cours des dernières années de sa carrière universitaire, l'Annuaire universitaire de l'université de Montréal annonçait le cours de synthèse du professeur Maurice Séguin sous le titre qui suit : Les deux nationalismes . Histoire du conflit politique, économique et culturel entre le Canada français et le Canada anglais : 1760-1960.

Le PREMIER Canada

http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5
http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-2-5
http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-3-5
http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-4-5
http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-5-5

Le DEUXIÈME Canada

http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-2-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-3-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-4-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-5-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-6-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-7-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-8-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-9-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-11-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-12-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-13-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-14-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-15-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-16-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-17-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-18-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-19-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-20-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-21-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-22-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-23-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-24-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-25-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-26-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-27-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-28-29
http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-29-29
http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

N. B. L’histoire du PREMIER et du DEUXIÈME Canada est précédée d’un abrégé du cours sur Les Normes pour servir à l’étude de l’histoire des deux Canadas. Cette partie n’a pas été incluse dans la synthèse explicative de l’histoire des deux Canadas. La version des Normes de 1961-1962 fait l'objet en ce moment d'une publication répartie sur 24 chroniques du jeudi sur le site Internet VIGILE.NET. La publication a débuté le 13 novembre 2008 sous le titre : Les NORMES en histoire. BD (23 mars 2009)