dimanche 28 juin 2009

Les discours patriotiques de la Fête nationale

Le frêle discours de la soumission
Lettre à Suzanne Clément
Bernard Desgagné

Tribune libre de Vigile jeudi 25 juin 2009

Autres déclamations des dix dernières années à la Fête nationale

Julien Poulin, alias Bob Gratton
Discours patriotique du 24 juin 1998

27 juin 2009, par Bruno Deshaies

Pour celles et ceux qui aiment faire de l’analyse politico-culturelle et sociale, voici une autre référence aux discours patriotiques de la Fête nationale du Québec.

Continuer la recherche et faites-nous part de vos trouvailles et surtout de votre point de vue sur la culture, le politique et l’indépendance du Québec.

P.-S. Les Québécois devront un jour prendre les MOYENS pour suivre le chemin de l’indépendance. Or, en ce moment, les souverainistes font la nage sur place en attendant d’être noyés dans le grand tout anglo-saxon.


Discours patriotique de Gilles Pelletier à la Fête nationale
le 24 juin 2001 sur les Plaines d’Abraham

28 juin 2009 Bruno Deshaies

Extrait :

« Je vous sent prêt à vous embarquer /Alors que moi, faut bien le dire, / J'ai passé l'âge des grandes traversés en solitaire; /J'ai besoin d'un équipage; / Sans équipage, j'peux plus prendre la mer. / Ce soir, je suis venu vous dire / Que j'ai besoin de vous. »

Il est temps d’exiger du MOUVEMENT NATIONAL DES QUÉBÉCOISES ET DES QUÉBÉCOIS un changement de cap au sujet des « discours patriotiques » du 24 juin. L’ambigüité persistante sur l’avenir du Québec est aujourd’hui dépassée par un large segment de la population québécoise. Le Mouvement national prend du retard sur les événements réels qui façonnent en ce moment la société québécoise. Quant au Conseil de la souveraineté, il serait temps qu’il ouvre grandement ses oreilles pour saisir la grogne des indépendantistes qui piaffent d’impatience à écouter toutes sortes d’inepties sur la souveraineté du Québec.

Bref, les déclamations du 24 juin représentent en ce moment un autre temps. Le rêve est connu. Les moyens sont là. Mais la détermination est absente. Les VOLONTÉS ne sont pas réunies.

Le RRQ fait de grands efforts. Mais cette LUTTE NATIONALE au second degré nous maintient dans un état de minoritaire. En revanche, l’affirmation de la lutte nationale au troisième degré entraîne un regard sur nous de majoritaire et de majeur. Elle consiste à exprimer ouvertement que ce pays sera gouverné par la collectivité nationale de tous les Québécoises et Québécois qui défendront bec et ongles l’indépendance du Québec à commencer par l’Idée d’indépendance elle-même.

dimanche 21 juin 2009

De quelle stratégie de convergence s’agit-il ?

« Où sont-ils les outils dont les souverainistes optimistes auront à se servir demain pour défendre la cause de l'indépendance du Québec à moyen et à long terme ? »


Montréal, 21 juin 2009 Bruno Deshaies

Bonjour Monsieur Michel Gendron,

Une remarque préliminaire. J’aurais aimé vous écrire personnellement, mais vous n’osez pas mettre comme Ougho ou comme Louis Lapointe et certains autres, ce message supplémentaire à la fin de votre article : Envoyer un message privé à Michel Gendron. C’est dommage.

Au sujet de la stratégie de convergence, on en parle beaucoup mais c’est plutôt platonique. J’aimerais aborder le problème différemment.

J'imagine qu'elle commencera, cette stratégie, le jour où nous cesserons d'écrire des analyses de situation et que nous commencerons par nous parler au lieu de nous écrire des épîtres les uns les autres par médias interposés soit La Presse ou Le Devoir ou même Vigile qui est presque du pareil au même.

Les messages personnels, ça existe ! Pourtant, on est là à se gratter partout comme Foglia, à faire de la sémantique où ce n'est pas nécessaire, à s'enivrer de sondages, à s'engager dans n'importe quelle discussion qui finalement aboutit en queue de poisson parce que les fondements de l'indépendance ne nous intéressent pas. Nous voulons être dans l'action et faire de la politique, un point et c'est tout.

Ce murmure de convergence semble vouloir rafistoler bien des choses contradictoires dans une perspective à court terme : la prochaine élection provinciale. Le PQ veut battre Charest et le PLQ. Bravo ! Tout un horizon pour l'indépendance du Québec !

Où sont-ils les outils dont les souverainistes optimistes auront à se servir demain pour défendre la cause de l'indépendance du Québec à moyen et à long terme ? Avec un discours par ci par là ? avec une petite crise de relations fédérales-provinciales ? avec le budget du Québec ? Bref, avec n'importe quoi et toujours la même impréparation pour agir efficacement dans la voie tracée en vue d’atteindre l’indépendance.

Marois a rédigé son plan, Parizeau a fait son discours, Landry prévoit pondre prochainement un document, Bruno Deshaies a écrit 365 chroniques dans Vigile et beaucoup d’autres en ont fait autant. Finalement, tout le monde glousse à tout moment un petit cri. Le dernier gloussement concerne la réalisation d’États généraux de l’indépendance. Quelle affaire !

Pendant tout ce temps consacré à ce spectacle médiatique, le mouvement qui pourrait prendre forme ne se crée pas. Les souverainistes sont compartimentés sauf sur un point : ils rêvent que le PQ va faire l’indépendance du Québec sans une démarche profonde de persuasion de la population et sur un coup de tête électoraliste. Là, nous avons un grave problème. L’Autre, le Canada-Anglais et son gouvernement central, n’hésiteront pas à prendre les moyens les plus lourds pour nous déstabiliser.

Qui veut prendre le téléphone pour réunir ceux qui croient que des indépendantistes peuvent se parler entre quatre yeux. Pas à l’occasion d’un colloque, pas à l’occasion d’États généraux, mais entre des personnes qui souhaitent faire avancer l’Idée d’indépendance dans le cerveau des Québécois sans militer à tout prix dans un parti politique. Selon moi, c’est possible. C’est d’autant plus possible que « les décrocheurs du PQ », les indépendantistes – comme on les appelle – ne demanderaient pas mieux de voir élargir le cercle du mouvement indépendantiste auprès de la population, par une approche plus originale que celle que nous subissons actuellement par l’approche péquisto-fédéraliste qui remonte au MSA de René Lévesque.

Se pourrait-il que les Québécois en aient marre du « tataouinage » des élites souverainistes ? On le voit, elles n’osent pas s’impliquer plus systématiquement dans l’action, à part de palabrer devant la « tribu » (pour reprendre une accusation de Trudeau à notre endroit) et qui prétendent dur comme fer de défendre les intérêts supérieurs du Québec. L’a-t-on entendu assez souvent cette étonnante expression là ?

Les Québécois ont compris qu’ils sont enfermés dans le fédéralisme canadian. Ils ont compris qu’ils veulent se gouverner eux-mêmes et par eux-mêmes. Ils veulent s’en sortir. Or, l’élite indépendantiste n’est pas au rendez-vous. Il lui manque le cadre conceptuel valable pour entreprendre le combat à court, moyen et long terme. Ici, il n’est pas question de souffrir d’une élection à l’autre à attendre le sauveur. Les chefs péquistes sans exception ont terminé leur carrière de premier ministre par une démission plus ou moins fracassante. Nous constatons aujourd’hui l’ampleur du désastre. Nous devons entreprendre une nouvelle démarche qui mettrait au travail des dizaines de centaines, des milliers de Québécois qui feraient d’abord leur devoir avant de crier au loup.

vendredi 19 juin 2009

La Realpolitik et l’indépendance du Québec

Louis LAPOINTE, dans WWW.VIGILE.NET, vendredi, 12 juin 2009.

« J’étais présent à ce fameux colloque de l’IPSO, et avant d’écouter bien attentivement ce que Jacques Parizeau avait à nous dire, j’avais entendu les messages de Louis Bernard, Robert Laplante, Pierre Graveline, Anne Légaré et Bruno Deshaies. C’est probablement de leurs propos dont s’est inspiré Jacques Parizeau lorsqu’il a fait son discours, lorsqu’il nous a dit sur le ton de la confidence qu’il préférait l’élection référendaire au référendum, mais qu’il s’était plié à la volonté démocratique des membres du Parti Québécois à ce sujet. »

REMARQUE PRÉLIMINAIRE

Nous résumons de mémoire le point de vue que nous avons exprimé à l’occasion d’une intervention comme participant au Colloque des IPSO (les intellectuels pour la souveraineté) tenu à Montréal, samedi, le 6 juin 2009, sous le thème : « Pour que la prochaine fois soit la bonne ! »

Parce que monsieur Louis Lapointe m’a fait le plaisir de citer ma participation au colloque et signaler son effet sur les participants, je voudrais présenter ici un résumé un peu plus étoffé de mon intervention.

– Point de vue exprimé par Bruno Deshaies

La question de l’indépendance politique relève de la Realpolitik. Il s’agit d’un rapport de force entre deux collectivités nationales. Et ce qui va se passer se déroulera inévitablement dans le TEMPS. Par conséquent, il faut reconnaître notre passé, agir dans le présent et anticipé l’avenir.

Quant à notre passé, il faut bien admettre que la société québécoise existe. Cette société vit, agit et s’affirme. Cependant, il lui manque une logique fondée sur un cadre conceptuel de l’indépendance du Québec. Et, stratégiquement, nous sautons toujours cette étape importante.

C’est un énième abrégé de notre pensée politique que j’ai entendu ce matin et que nous lisons régulièrement sur le site Internet de VIGILE. Nous possédons là une bibliothèque virtuelle monumentale de ce que nous sommes en tant que souverainistes. On ne saurait dire à quel point ce site peut être instructif pour tous et toutes les indépendantistes. On y voit que la société québécoise a ses forces et ses faiblesses ; elle est divisée ; elle est mêlée ; pourtant, elle excelle dans certains domaines de la culture et de l’économie. Elle n’en demeure pas moins fragile. Il y a toutes nos forces et nos faiblesses comme société : les souverainistes lucides contre les « purs et durs » ; les fédéralistes autonomistes contre les fédéralistes souverainistes, tout comme les confédéralistes qui sont pour et contre, les souverainistes partisans qui ne discutent que de stratégies, etc. Malgré nos bonnes intentions, il faudrait reconnaître que le combat pour l’indépendance ne sera pas une sinécure.

J’ai bien aimé les exposés de Robert Laplante et de Louis Bernard. Dans les deux cas, l’affirmation nationale est sans équivoque. Notre problème tient principalement au fait qu’on se refuse de créer un centre de l’indépendance du Québec qui aurait pignon sur rue quelque part et qui serait doté d’un minimum de moyens d’action. Il faut fédérer les énergies indépendantistes et cessez de se compartimenter entre nous. Cette étape précède les stratégies ouvertes ou de la tribune pour lesquelles nous abusons trop joyeusement.

Si l’indépendance est une fin, il ne faudrait pas se surprendre de la réaction de l’Autre, c’est-à-dire du Canada-Anglais, même s’il est dirigé par un Canadien français ou un Québécois.

Nous avons un travail de persuasion à réaliser. Malheureusement, force est de constater que nous sommes en état de destruction. Il importe de faire l’union des forces des Québécois-Français comme majorité au Québec. Il faut réunir les énergies par-delà les partis politiques.

Le combat ne sera pas facile. Il supposera un affrontement. L’Autre aura son mot à dire. Il semble que les souverainistes n’ont pas encore compris que les Canadians peuvent réagir et que, de toute façon, ils agissent de façon permanente sur le dossier du Québec. Et peu importe, ils interviennent à leur gré et selon les standards établis depuis longtemps sur la base de l’« unité canadienne » from coast to coast. C’est ainsi que l’union politique a conduit à l’union économique, puis à l’union culturelle et en ce moment à l’union sociale et à l’intégration du Québec dans les forces armées canadiennes, entre autres, sans compter l’assurance-emploi, les pensions de la sécurité de la vieillesse, les allocations familiales, etc.

15 juin 2009

P.-S. Il serait intéressant de prendre le temps de réfléchir sur le thème qui suit : « La CRISE: une gigantesque improvisation ».

vendredi 12 juin 2009

Andrée FERRETTI et le Plan Marois

« Sauver les meubles »

Andrée Ferretti
Tribune libre de Vigile
jeudi 11 juin 2009
ICI : http://www.vigile.net/Sauver-les-meubles

Notre commentaire

12 juin 2009

En opposition au ronron des péquistes

« Les indépendantistes ne doivent donc rien attendre de plus de lui [le PQ].
Ils doivent mener le combat en dehors de ses rangs,
tout en le considérant comme leur meilleur allié.
C’est en ce moment un impératif catégorique. »
(Andrée Ferretti)

Ce constat est tellement évident qu’il est extrêmement pénible de voir certains commentateurs sur Vigile.net s’évertuer à se faire du cinéma en dehors de la réalité. Penser en présence des faits doit devenir la logique de L’Idée d’indépendance CONTRE L’Idéal fédéral de l’auguste André Pratte et consul du fédéralisme et de l’orthodoxie du statu quo depuis le temps, à tout le moins, de Thomas Chapais.

Madame Ferretti nous dit bien que « les indépendantistes […] doivent mener le combat en dehors de ses rangs [ceux du PQ], tout en le considérant comme leur meilleur allié. »

Idée sacrilège ! Le troupeau ne peut pas être subdivisé. Une histoire de mouton de Panurge… Ne pourrions-nous pas faire confiance à madame Ferretti sur ce point ! Son vécu dans la mouvance souverainiste n’est-il pas encore assez fort ? Arrêtons de nous amuser à discuter comme les théologiens du Moyen Âge. Le verbiage est terminé. Le pontife du souverainisme, Jean-François Lisée, n’est préoccupé que par les sondages. Ce comportement est tellement vrai qu’il récidive depuis 1976 sur le même thème du yo-yo des résultats successifs de l’évaluation (?) de l’opinion publique au sujet de la place de la souveraineté dans la population québécoise.

L’action sollicite les indépendantistes à mettre au pied du mur les Marois, les Parizeau, les Landry et les Larose à cesser de gesticuler et d’ergoter pour créer une crise artificielle. Faites valoir, mesdames ou messieurs, votre savoir faire pour créer une action collective d’envergure qui mettra fin à votre vedettariat. Mettez-vous du côté des combattants indépendantistes qui sont dans la société civile. Marchez avec eux et non sans eux. Réunissez du monde. Faites bouger les milieux d’affaires. Prenez le temps de préparer avec les membres de la société civile des actions qui formeront les Québécois et les Québécoises à L’Idée d’indépendance au-delà de la seule prise du pouvoir à Québec dans un État qui est toujours provincial.
Cette lutte nationale transcende les officines du PQ et BQ.
Les chefs de file souverainistes devraient réviser leur stratégie.

O O O

Nous suggérons la lecture de Josée Legault, « Un jugement sévère. » Dans VOIX PUBLIQUE, VOIR, 9 juin 2009, p. 9.


vendredi 29 mai 2009

"Vivre le Québec libre !"

Charles de Gaulle

Discours de Montréal, 24 juillet 1967

Le général de Gaulle accompagné du Premier ministre québécois, Daniel Johnson, s'est rendu par la route de Québec à Montréal. Tout au long du trajet, il a reçu un accueil enthousiaste de la part de la population. Reçu à l'Hôtel de ville par le maire de Montréal, M. Drapeau, il adresse à la foule massée sur la place une allocution improvisée dont le texte a pu être rétabli.
ICI : Perspective Monde. Université de Sherbrooke. Événements.

Texte du discours de Charles de Gaulle

C'est une immense émotion qui remplit mon cœur en voyant devant moi la ville française de Montréal. Au nom du vieux pays, au nom de la France, je vous salue de tout mon cœur. Je vais vous confier un secret que vous ne répéterez pas. Ce soir ici, et tout le long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération. Outre cela, j'ai constaté quel immense effort de progrès, de développement, et par conséquent d'affranchissement vous accomplissez ici et c'est à Montréal qu'il faut que je le dise, parce que, s'il y a au monde une ville exemplaire par ses réussites modernes, c'est la vôtre. Je dis c'est la vôtre et je me permets d'ajouter c'est la nôtre.

Si vous saviez quelle confiance la France, réveillée après d'immenses épreuves, porte vers vous, si vous saviez quelle affection elle recommence à ressentir pour les Français du Canada et si vous saviez à quel point elle se sent obligée à concourir à votre marche en avant, à votre progrès ! C'est pourquoi elle a conclu avec le gouvernement du Québec, avec celui de mon ami Johnson, des accords, pour que les Français de part et d'autre de l'Atlantique travaillent ensemble à une même œuvre française. Et, d'ailleurs, le concours que la France va, tous les jours un peu plus, prêter ici, elle sait bien que vous le lui rendrez, parce que vous êtes en train de vous constituer des élites, des usines, des entreprises, des laboratoires, qui feront l'étonnement de tous et qui, un jour, j'en suis sûr, vous permettront d'aider la France.

Voilà ce que je suis venu vous dire ce soir en ajoutant que j'emporte de cette réunion inouïe de Montréal un souvenir inoubliable. La France entière sait, voit, entend, ce qui se passe ici et je puis vous dire qu'elle en vaudra mieux.

Vive Montréal ! Vive le Québec !

Vive le Québec libre !

Vive le Canada français ! et vive la France !

mardi 14 avril 2009

PENSER LA NATION QUÉBÉCOISE…

Nous sommes en 1999… Le pluralisme selon Jane Jenson

Une initiative de Michel Venne et du journal Le Devoir qui a accepté au printemps 1999 de publier une série d’articles portant sur « la nation québécoise ». Le débat a pu se faire dans l’Internet avec le public. L’ensemble de cette démarche a culminé avec l’organisation d’un colloque le 8 octobre 1999 à l’Université McGill. Tous les textes des collaborateurs et quelques autres en supplément ont été édités dans le collectif publié sous la direction de Michel Venne.

Articles publiés dans Le Devoir (sur 12 semaines)

1. Charles Taylor, Nation culturelle, nation politique
2. Daniel Jacques, Des « conditions gagnantes » aux « conditions signifiantes »
3. Gilles Bourque, Entre nations et société
4. Marc Chevrier, Notre république en Amérique
5. Gregory Baum, Nationalisme et mouvements sociaux contre l’hégémonie du marché
6. Denys Delâge, Le Québec et les autochtones
7. Jane Jenson, La modernité du Québec. De la nation à la citoyenneté.
8. Jocelyn Létourneau, Penser le Québec (dans un contexte canadien)
9. Serge Cantin, Pour sortir de la survivance
10. Gilles Gagné, La société québécoise face à la globalisation
11. Danielle Juteau, Le défi de l’option pluraliste
12. Gérard Bouchard, Construire la nation québécoise
Manifeste pour une coalition nationale

ADDENDA

Michel VENNE, dir., Penser la nation québécoise… Montréal, Éditions Québec Amérique, 2000, 309 p. ISBN : 2-7644-0053-5

Michel Venne. Introduction. Penser une nation ou comment vivre ensemble ?

13. Claude Bariteau, Le Québec comme nation politique, démocratique et souveraine
14. Michel Seymour, Une nation inclusive qui ne nie pas ses origines
15. Jacques Beauchemin, Défense et illustration d’une nation écartelée
16. Guy Rocher, Postface. Des intellectuels à la recherche d’une nation québécoise

O O O

7. Article de Jane JENSON :

« La modernité du Québec. De la nation à la citoyenneté. » (Pages 189-197)

« Les sociétés modernes sont pluralistes. » Cette affirmation est défendue par madame Jane Jenson, professeure titulaire au département de science politique de l’Université de Montréal.
Son article a été publié dans Michel Venne, dir., Penser la nation québécoise…, p. 189-197.

Nous offrons à nos lecteurs la réaction que nous avons fait parvenir au Devoir (version électronique) le 1er septembre 1999.


RÉACTION :

Bruno DESHAIES, le mercredi 1er septembre 1999 :

7.- La pensée niveleuse du « pluralisme »

« J’entends par « faction » plusieurs citoyens, constituant la majorité ou la minorité du tout, qu’unit et anime, à l’encontre du droit des autres citoyens ou des intérêts permanents et globaux de la communauté, un quelconque élan commun de passion ou d’intérêts. » (James MADISON, The Federalist, no X, New York, 23 novembre1787.)

La septième personne à nous écrire sur « Comment vivre ensemble ? », à l’intérieur d’un débat aseptisé sur « La nation québécoise... », reflète la pensée niveleuse des différents auteurs qui se sont succédés jusqu’à maintenant à la tribune du pré-millénaire lancée par Le Devoir.

Pour faire bon ton, bon genre, on nous assène comme principe : « les sociétés modernes sont pluralistes ». Le pluralisme, qu’est-ce que c’est ? D’après Marie-Éva de Villiers, c’est « un régime politique composé de plusieurs partis, plusieurs tendances » (cf. Multidictionnaire de la langue française, 3e éd.). Le petit Robert (1994) définit le pluralisme en ces termes : « Système admettant l’existence d’opinions politiques et religieuses, de comportements culturels et sociaux différents, au sein d’un groupe organisé ». L’encyclopédie InfoPEDIA, sur cédérom, ver. 2.01 (de Softkey) définit le pluralisme comme « un état social dans lequel les membres de groupes ethniques, raciaux, religieux ou sociaux continuent, dans les limites d’une civilisation commune, de participer de leur culture ou de leur intérêt spécifique et de les développer de manière autonome. » Notons que le pluralisme se vit sous la contrainte des : « limites d’une civilisation commune ». Et qui définit cette limite commune ?

Un Québec qui ne serait pas de culture française, c’est quoi ? Par conséquent, qu’elle soit bien aise, madame Jenson, de croire ce qu’elle croit au sujet de la société pluraliste mais elle ne devrait pas confondre trop facilement les plans individuel et collectif. Quand on lit « nous, Québécois », de quoi veut-elle parler exactement ? Des « nous » collectifs de trois peuples ou des « nous » de tous les individus qui auraient plus une tendance à ceci ou à cela en religion, en politique, en matière de comportements sexuels, en matière de culture, etc. ? Tout au long de son texte, cette confusion règne. Est-ce voulu ? Je préfère croire que c’est de l’ordre de l’inconscient !

Vient ensuite tout le baratin sur la citoyenneté, le cadre multinational et la reconnaissance de plusieurs peuples. Un discours très à la mode dans les pays de l’Union européenne, à la différence qu’ici le Québec français est loin d’être un pays indépendant. Nous sommes tous des minorités culturelles, et c’est une force. Pourquoi pas ? Et vlan ! une autre vérité nous est assénée : « tout peuple se définit autrement que par la somme des individus qui le composent ».
Il fallait arriver au troisième argument qui place les communautés à égalité avec les individus de telle sorte qu’on ose insinuer que « la reconnaissance du besoin de protection ne peut pas n’être valable que pour la majorité francophone ». Qui dit mieux ? Finalement, l’objectif clair et net consiste à asséner une autre vérité dans la gorge des Québécois français, à savoir que « les communautés minoritaires ont aussi besoin de protection » ! Comme le Québec n’est constitué que de minorités, et que ceci est « une force » (argument no 1), il faut accepter la société des « communautés » égales. C.Q.F.D. Très forte en logique madame Jenson !

Cet habile plaidoyer doit être complété par le poids de l’histoire. Dans un style très pontifical, on nous assène une autre vérité : « Dans une société pluraliste, il s’agit d’imaginer une histoire partagée qui accorde à chacun sa place et qui souligne l’apport de tous au bien-être de la société ». Qui peut vraiment être contre la vertu ! Les rapports de force dans les sociétés et entre les sociétés, dans les États et entre les États, et ainsi de suite, ce n’est rien tout cela ? Du vent ? Le fruit de notre imagination ? Et ce pluralisme niveleur ne sera-t-il pas lui-même le germe de la discorde et de crises encore plus profondes que celles qu’on tente de résoudre par des chemins si tortueux qu’on ne s’y retrouve plus, même avec la meilleure bonne volonté du monde. C’est de l’idéologie pure et simple !

Pour mettre la cerise sur le gâteau, rien de mieux que de culpabiliser les citoyennes et les citoyens de leur manque de participation à la vie publique. Et sans coup férir, une autre vérité nous est assénée : « Les minorités doivent agir comme responsables de leur propre vie, elles doivent affirmer leur présence. Les majorités doivent les accueillir.» Que le pot de fer, s’il vous plaît, n’écrase pas le pot de terre ! (Cf. Frégault )

Dans son article sur la philosophie politique de l’État, Patrick Riley soutient qu’« une bonne partie de la science politique contemporaine qui porte sur les groupes, les intérêts et les processus a eu tendance à minorer davantage l’importance des concepts d’État et de souveraineté. Dans la théorie des systèmes par exemple, c’est l’ensemble interactif du système politique – ses « intrants », ses « extrants » et ses « transactions » − qui importent. L’État n’est plus de nos jours le centre d’intérêt de la politologie. » [Dans The 1996 Grolier Multimedia Encyclopedia, cédérom ver. 8.01.] [NDLE.-- Un autre mouvement du balancier semble s'amorcer en ce moment en face des déboires financiers et économiques de la civilisation capitaliste occidentale. BD - 2009]

Il semble bien que madame Jenson appartienne à cette école de pensée, tout comme la plupart des collaborateurs et collaboratrices de ce débat sur la nation québécoise. On comprend pourquoi elle abhorre de traiter de la question nationale en posant explicitement la question de l’État québécois. Pour elle, comme pour les autres, ne soulever que le voile sur l’État du Québec est une hérésie, car la crainte du projet souverainiste les horripile : « il faut mettre fin à nos mythes essentialistes » comme l’affirmait, sans ambages et sans aucune nuance, le philosophe Charles Taylor.

Enfin, y aura-t-il une personne dans ce forum qui abordera la question de l’État et de son rôle intégrateur au profit des individus et des minorités dans la société ? Madame Jenson nous a fait un plaidoyer pro domo pour la cause du « pluralisme » qui frise le dogme. Nous ne voulons pas de ce genre de discours au Québec. Allez donc prêcher, pour voir, cette bonne nouvelle en Ontario ?

Le Québec de demain ne peut pas se bâtir sur l’atomisation du social en citoyenneté et sur le ravalement de l’État en un appendice de minorités qui pourraient faire la pluie et le beau temps. Le Québec de demain sera démocratique, car il l’est, d’ores et déjà, quoiqu’en pensent les détracteurs du Québec français. Qu’on cesse de nous laisser entendre qu’on ne vivrait pas, demain, dans un État de droit qui n’inclurait pas un régime de citoyenneté, c’est une mystification. L’État-nation du Québec, qui a une expérience de la vie civique sur son territoire depuis des générations, ne nécessite d’aucune façon la réduction « de la nation à la citoyenneté ». Cette proposition est inacceptable pour la majorité des Québécois français.

(30)


Jane Jenson

Notice Biographique

Jane Jenson est professeur titulaire au département de science politique de l’Université de Montréal et directrice du Réseau de la famille, un des réseaux canadiens de recherche en politiques publiques (RCRPP). Après des études de baccalauréat à l’Université McGill, elle a obtenu un doctorat à l’Université de Rochester, aux États-Unis. Originaire de Montréal, elle est revenue en 1993, après plus de 20 ans d’enseignement à l’Université Carleton à Ottawa. Rédactrice en chef de Lien social et politique et présidente de la Société québécoise de science politique, elle est également membre du Centre interuniversitaire sur les transformations et les régulations économiques et sociales (CRITERES) et membre de la Société royale du Canada. Elle a été professeure invitée à l’Université Harvard, à l’Institut universitaire européen, à Florence, à l’Université d’Augsbourg et à l’Institut John-F.-Kennedy de la Freien Universität de Berlin. Ses recherches portent sur une gamme étendue de sujets, dont la politique canadienne, les mouvements sociaux, la citoyenneté, la situation des femmes et la politique familiale en Europe et au Canada. Ses plus récentes publications comprennent notamment Mitterrand et les Françaises. Un rendez-vous manqué, en collaboration avec Mariette Sineau, qui a obtenu le prix Séverine, décerné par l’Association des femmes journalistes au Salon du livre de Paris en 1996. [Autres publications.]
(Dans Penser la nation québécoise… (1999), p. 303-304.)

Les textes originaux des citations

− L’encyclopédie InfoPEDIA, sur cédérom, ver. 2.01 (de Softkey) définit le pluralisme comme

« […] a state of society in which members of diverse ethnic, racial, religious, or social groups maintain an autonomous participation in and development of their traditional culture or special interest within the confines of a common civilization ».

− James MADISON, The Federalist, no X, New York, 23 novembre1 1787.

« By a faction, I understand a number of citizens, whether amounting to a majority or minority of the whole, who are united and actuated by some common impulse of passion, or of interest, adverse to the rights of other citizens, or to the permanent and aggregate interests of the community. »

− Patrick RILEY, « State (in political philosophy) », in The 1996 Grolier Multimedia Encyclopedia, cédérom ver. 8.01.

« Much of recent political science, concerned with groups, interests, and processes, has tended to further erode the importance of the concepts of state and sovereignty. in systems theory, for instance, what matters is the whole interactive political system: its « inputs, » its « outputs, » and its « transactions. » the state, then, is today no longer the central concern of political study. »

jeudi 9 avril 2009

LE MÉCONTENTEMENT DES QUÉBÉCOIS FRANÇAIS EST HISTORIQUE

Christian Dufour et « Le Canada : une histoire populaire »

Vigile.net, Chronique du jeudi 06-09-2001
REM. : REM. : Les deux artistes cités dans cette chronique constatent un phénomène d'assimilation. Ce constat ne signifie pas qu'ils admettent l'état de la situation du français chez les Québécois. Nous ne leur prêtons pas cette intention. (Bruno Deshaies, 9 avril 2009)

« Je m'anglicise lentement
lentement je m'anglicise. [...]
Mots de ma jeunesse
Je ne vous chante plus [...]
Je ne vous entends plus. »
(Chloé Sainte-Marie)

Le long discours plaintif du professeur Christian Dufour au sujet de la série télévisée « Le Canada : une histoire populaire » illustre le profond mécontentement des Québécois Français depuis des générations. Jusqu'à ce jour, toutes les tentatives, conscientes ou inconscientes, d'occulter ce ressentiment « canadien-français » ont échoué. Le Québec « profond » ne marche pas!

Pourtant, des sirènes séduisantes du Québec, à la suite de Jean Chrétien ou de Lucien Bouchard, tentent encore aujourd'hui dans un rapport sur la situation et l'avenir de la langue française au Québec à chanter la bonne entente et à concevoir un Québec dont la langue citoyenne ne serait plus qu'une langue de communication véhiculaire et qu'une technique linguistique du vivre ensemble. Quel avenir une pareille société peut-elle se réserver?

J'imagine que tout ce beau monde participe à l'idéologie sous-jacente de l'histoire populaire dont nous a affublé la Société Radio Canada pendant des semaines et maintenant à répétition... La réaction de Christian Dufour est noble, mais elle ne parvient pas au noeud gordien du litige entre le Canada Anglais et le Québec Français.

Je propose fermement, sans hésitation et à haute voix, la lecture de Maurice Séguin dont deux ouvrages sont absolument nécessaires à la compréhension des enjeux actuels du Québec contemporain. Le premier : Histoire de deux nationalismes au Canada (Guérin, 1997), soit un livre complètement incontournable. Le deuxième : Les Normes de Maurice Séguin (Guérin, 1999), soit une synthèse théorique inégalée et insurpassée sur les bases de l'histoire et de la sociologie du « national ». Ces deux ouvrages devraient être les livres de chevet de tous les Québécois. Plus qu'un récit historique, c'est une analyse systématique et, encore plus, une synthèse de l'histoire à la fois du passé du Canada ou des deux Canadas et une réflexion en profondeur sur la vie des sociétés et sur sa conception de la vie et de l'histoire.

Les chanteurs de pommes sur l'avenir du Québec auraient intérêt à s'abreuver à ces deux ouvrages.

Mais pour le citoyen ordinaire qui espère (ou désespère !) comprendre, quand il aura lu et surtout relu les deux ouvrages de Maurice Séguin, il découvrira très facilement pourquoi la Société Radio Canada m'a empêché de parler de ces deux livres. Il comprendra aussi pourquoi le quotidien Le Devoir s'est contenté d'une brève mention à l'occasion de leurs parutions. Ce comportement des dirigeants du journal Le Devoir est aussi significatif que celui de Radio Canada. Il ne faut pas déranger les biens pensants d'aujourd'hui devenus la nouvelle « Église » du Québec !

Les Québécois sont progressivement passés du vouloir vivre collectif au vivre ensemble. Il ne leur reste plus qu'un pas à franchir pour qu'ils ne se contentent que de vivre dans une langue tout bonnement véhiculaire et, après demain, dans une autre langue. Un jour ils parleront tous l’anglais, mais ils seront devenus indépendants !

« Adieu Villon
Adieu Miron »

(Paroles de Chloé Sainte-Marie dans la chanson « To be or not to be la vie ».
Dans son album « Je pleure tu pleures ». 1999 )

Vingt-trois ans plus tôt, dans « Mon oncle Edmond », le chanteur Jean Lapointe aborde le même thème récurrent ! Depuis, il est devenu sénateur !

Extraits de Mon oncle Edmond :

« Dans la famille du côté de ma mère
Y'avait mon Oncle Edmond
Y'était ben smatt pis parlait anglais
[...]
Par une journée ensoleillée
Edmond est disparu
[...]
Y faisait des : Yip, yip, do you speak english ?
[...]
Quand Edmond est mort
Y parlait l'anglais »

(Paroles et musique de Jean Lapointe 1976.)

En 2001, le tir vient d’être corrigé. Les Québécois aiment parler plusieurs langues : beaucoup sont trilingues ! (Dixit Bernard Landry)

Or, la question n’est pas d’être trilingue ou bilingue, c’est d’être comme être individuel et comme être collectif en tant que Québécois Français.

« Le Canada : une histoire populaire » nous amène sur une fausse piste. La meilleure façon de corriger cette situation, c’est de faire notre histoire. Le ton plaintif et notre mécontentement historique n’y changeront rien.

« To be or not to be la vie »

VIVRE C’EST AGIR.

(30)

Bruno Deshaies
Québec, 6 septembre 2001