dimanche 21 juin 2009

De quelle stratégie de convergence s’agit-il ?

« Où sont-ils les outils dont les souverainistes optimistes auront à se servir demain pour défendre la cause de l'indépendance du Québec à moyen et à long terme ? »


Montréal, 21 juin 2009 Bruno Deshaies

Bonjour Monsieur Michel Gendron,

Une remarque préliminaire. J’aurais aimé vous écrire personnellement, mais vous n’osez pas mettre comme Ougho ou comme Louis Lapointe et certains autres, ce message supplémentaire à la fin de votre article : Envoyer un message privé à Michel Gendron. C’est dommage.

Au sujet de la stratégie de convergence, on en parle beaucoup mais c’est plutôt platonique. J’aimerais aborder le problème différemment.

J'imagine qu'elle commencera, cette stratégie, le jour où nous cesserons d'écrire des analyses de situation et que nous commencerons par nous parler au lieu de nous écrire des épîtres les uns les autres par médias interposés soit La Presse ou Le Devoir ou même Vigile qui est presque du pareil au même.

Les messages personnels, ça existe ! Pourtant, on est là à se gratter partout comme Foglia, à faire de la sémantique où ce n'est pas nécessaire, à s'enivrer de sondages, à s'engager dans n'importe quelle discussion qui finalement aboutit en queue de poisson parce que les fondements de l'indépendance ne nous intéressent pas. Nous voulons être dans l'action et faire de la politique, un point et c'est tout.

Ce murmure de convergence semble vouloir rafistoler bien des choses contradictoires dans une perspective à court terme : la prochaine élection provinciale. Le PQ veut battre Charest et le PLQ. Bravo ! Tout un horizon pour l'indépendance du Québec !

Où sont-ils les outils dont les souverainistes optimistes auront à se servir demain pour défendre la cause de l'indépendance du Québec à moyen et à long terme ? Avec un discours par ci par là ? avec une petite crise de relations fédérales-provinciales ? avec le budget du Québec ? Bref, avec n'importe quoi et toujours la même impréparation pour agir efficacement dans la voie tracée en vue d’atteindre l’indépendance.

Marois a rédigé son plan, Parizeau a fait son discours, Landry prévoit pondre prochainement un document, Bruno Deshaies a écrit 365 chroniques dans Vigile et beaucoup d’autres en ont fait autant. Finalement, tout le monde glousse à tout moment un petit cri. Le dernier gloussement concerne la réalisation d’États généraux de l’indépendance. Quelle affaire !

Pendant tout ce temps consacré à ce spectacle médiatique, le mouvement qui pourrait prendre forme ne se crée pas. Les souverainistes sont compartimentés sauf sur un point : ils rêvent que le PQ va faire l’indépendance du Québec sans une démarche profonde de persuasion de la population et sur un coup de tête électoraliste. Là, nous avons un grave problème. L’Autre, le Canada-Anglais et son gouvernement central, n’hésiteront pas à prendre les moyens les plus lourds pour nous déstabiliser.

Qui veut prendre le téléphone pour réunir ceux qui croient que des indépendantistes peuvent se parler entre quatre yeux. Pas à l’occasion d’un colloque, pas à l’occasion d’États généraux, mais entre des personnes qui souhaitent faire avancer l’Idée d’indépendance dans le cerveau des Québécois sans militer à tout prix dans un parti politique. Selon moi, c’est possible. C’est d’autant plus possible que « les décrocheurs du PQ », les indépendantistes – comme on les appelle – ne demanderaient pas mieux de voir élargir le cercle du mouvement indépendantiste auprès de la population, par une approche plus originale que celle que nous subissons actuellement par l’approche péquisto-fédéraliste qui remonte au MSA de René Lévesque.

Se pourrait-il que les Québécois en aient marre du « tataouinage » des élites souverainistes ? On le voit, elles n’osent pas s’impliquer plus systématiquement dans l’action, à part de palabrer devant la « tribu » (pour reprendre une accusation de Trudeau à notre endroit) et qui prétendent dur comme fer de défendre les intérêts supérieurs du Québec. L’a-t-on entendu assez souvent cette étonnante expression là ?

Les Québécois ont compris qu’ils sont enfermés dans le fédéralisme canadian. Ils ont compris qu’ils veulent se gouverner eux-mêmes et par eux-mêmes. Ils veulent s’en sortir. Or, l’élite indépendantiste n’est pas au rendez-vous. Il lui manque le cadre conceptuel valable pour entreprendre le combat à court, moyen et long terme. Ici, il n’est pas question de souffrir d’une élection à l’autre à attendre le sauveur. Les chefs péquistes sans exception ont terminé leur carrière de premier ministre par une démission plus ou moins fracassante. Nous constatons aujourd’hui l’ampleur du désastre. Nous devons entreprendre une nouvelle démarche qui mettrait au travail des dizaines de centaines, des milliers de Québécois qui feraient d’abord leur devoir avant de crier au loup.

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