INDÉPENDANCE POLITIQUE DU QUÉBEC 433
«L’horrible multiculturalisme canadien a tout contaminé» (Marcel Haché)
C’est une opinion, mais est-ce la fin-en-vue des indépendantistes ? (*)
«L’enquêteur enquêté est aussi
celui qui enquête.»
L’élection
générale fédérale du 19 octobre 2015 n’échappera pas à la logique de
l’enquêteur-enquêté du domaine public en démocratie parlementaire qu’elle soit
républicaine ou autres formes de pouvoir institué.
Ainsi, la plateforme
Instagram organisé comme support électronique aux jeunes pour inciter ce jeune
public à son (premier) «#VOTE» sur
le site de Radio-Canada en vue de l’élection générale répond bien à cette
logique démocratique. Pour sensibiliser les jeunes, la télévision d’État
pancanadienne a prévu au cours de la campagne électorale de procéder à sonder
en direct l’opinion des jeunes sur les enjeux de cette campagne.
Par conséquent,
Radio-Canada fera des jeunes des enquêtés en se plaçant au titre d’enquêteur. La
souque à la corde entre l'électeur et les médias devient de facto un élément du
processus électoral. Tout se passera
dans l'Internet sur le site officiel de Radio-Canada. John Dewey avait vu juste, car en démocratie
il y a un rapport entre l'électeur en tant qu'individu et la société en
général. Cette relation peut par ailleurs
s'inverser et l'enquêté devenir l'enquêteur qui peut infléchir les choix des
partis politiques (cf. supra la citation en exergue). Dans notre chronique
précédente du 16 juillet dernier, nous avons soulevé cette question dans la
perspective de la lutte politique pour l’indépendance du Québec. En démocratie, cet enjeu est de taille. Il ratisse large dans le domaine public.
Cette mise en
garde nous situe par rapport à la fin-en-vue des indépendantistes. Ces derniers ne doivent pas changer de cible
s’ils veulent réussir. Car toutes les
inepties autour de l’idéologie du multiculturalisme nous éloignent de
l'objectif. Le pouvoir que les indépendantistes veulent, c'est le self-government
complet (à l’interne et à l’externe). Disons
les choses comme elles devraient se dire ouvertement.
Cette fin-en-vue doit être affirmée haut et fort. En
tant qu’opposition, le PQ doit faire ses devoirs de parlementaires dans
l'optique indépendantiste. Son rôle
politique consiste à critiquer le discours et le comportement politique du
gouvernement actuel à Québec. Mais en plus, il doit faire comprendre que notre statut
de nation annexée nous a confinés au rôle provincial
d’un État fédéré assiégé par un État fédérant superposé.
Deux nations indépendantes sous un même toit, est-ce possible ?
J’aurais préféré
réagir au commentaire de Marcel Haché sur ma chronique du 16 juillet 2015 mais,
après réflexion, je constate que son commentaire a ouvert la porte à des
problèmes plus vastes que celui de l’électorat.
L’élection d’un parti politique quel qu’il soit, souverainiste ou
fédéraliste, sous n’importe quelles nuances, dépend des humeurs de millions
d’enquêteurs. Chaque électeur évalue la
situation selon ses propres «normes».
Qui peut trouver la «norme» du commun dénominateur ?
Je ne crois pas trop, comme l’écrit Marcel Haché, si c’est «l’horrible multiculturalisme canadien [qui
a] tout contaminé», mais je sais que le fédéralisme, quel qu’il soit sous quelle que forme d’union fédérale, n’est pas nécessairement la panacée à tous les maux
de l’histoire de l’humanité. Car il est facile de confondre «union sociale[1]» et union
fédérale. Le gouvernement du Canada a
franchi la limite depuis longtemps. Par exemple, dans CANADA. Un siècle 1867-1967, cette
publication édifiante du gouvernement canadien pour célébrer le centenaire de
la Confédération, il est écrit en toutes lettres ceci dès les deux premiers
chapitres intitulés :
- Voici le Canada
- Édification de la
nation canadienne
Puis, en exergue sur la première page de Voici le Canada, on peut lire :
«Et il règnera depuis
une
mer jusqu’à l’autre,
et depuis le grand
fleuve jusqu’aux
confins de la terre…»
- verset 8 du psaume 72
(N. B.− Dans son discours d’hier après-midi pour annoncer le
déclenchement des élections générales, le premier ministre Stephen Harper a
fait allusion à «la grande nation québécoise»
dans le cadre des célébrations du «150e
anniversaire de la naissance du Canada en tant que pays uni» et non de la
Confédération. Puis, il a continué à parler de «notre pays» et d’en assurer sa
sécurité. Ce choix sémantique des mots n’est pas insignifiant. Pour le gouvernement
fédéral et le Canada-Anglais, il n’y a qu’un seul CANADA comme en 1967et depuis
l’Union de 1841 et l’union fédérale de 1867.)
Mais l’indépendance, comment allons-nous la faire ?
Sur la question du
rôle de l’électorat et de la citoyenneté, j’ai pris connaissance récemment d’un
ouvrage intitulé L’indépendance par le
républicanisme. Son auteur, Danic Parenteau, nous propose comment faire un
pays «par le républicanisme» avec en sous-titre : «De la souveraineté du peuple
à celle de l’État». Le problème est de savoir en quoi le républicanisme
serait-il mieux que le «libéralisme anglo-saxon» ? Et si l’un était mieux que l’autre, il
faudrait faire un choix de société, c’est-à-dire savoir comment on voudrait
vivre ensemble. Le problème est de l’ordre de l’organisation interne de la
société. Mais l’indépendance, comment
allons-nous la faire[2] ? Voulons-nous prendre collectivement cette
décision ? Il faudra y travailler
comme tous les pays l’ont fait avant nous afin d’acquérir leur indépendance. Le
Canada-Anglais a choisi sa voie dans ses rapports avec l’Empire britannique,
puis il est devenu indépendant comme d’autres ex-colonies de l’Angleterre dont
les Treize Colonies britanniques mais sous le coup de semonce d’une Déclaration d’indépendance (1776).
Contre leur annexion au
Canada, les indépendantistes québécois veulent obtenir leur self-government en tant
que nation. Cette idée doit être affirmée haut et fort. Le PQ dans
l'opposition à l’Assemblée nationale doit remplir ses obligations en tant que
groupe parlementaire indépendantiste. Mais son combat véritable dépasse
l’enceinte parlementaire de la Capitale provinciale. Cette partie de la lutte nationale dépasse les
réformes constitutionnelles. La preuve
en est que le Canada fonctionne avec le rapatriement de la constitution, en 1982,
sans la signature du Québec ! Il faut en
prendre acte et agir autrement. Voici ce que j’écrivais en 2001 :
«Ce n’est pas
l’unité canadienne qu’il faut détruire, c’est l’unité québécoise d’abord qu’on
doit promouvoir et réaliser par l’harmonie interne de la société québécoise et
la collaboration avec les autres pays dans l’égalité de “status”[3].»
Le multiculturalisme est dans le droit fil de la Charte des droits et liberté du
Canada. L’idée est entretenue par un
nombre incalculable d’universitaires d’un océan à l’autre au Canada. Depuis les années 1950, le Canada nous parle
de «la mosaïque canadienne» à condition, bien sûr, de respecter l’unité
canadienne. La cible est claire :
convaincre un public, le plus large possible, afin de soutenir la politique
officielle du multiculturalisme de l’État fédéral canadian. Cette question
nous pose un grave problème démocratique.
Dans une série de treize chroniques sur «L’indépendance (du
Québec)», j’ai commis une chronique sous le thème qui suit : « Rôle de l’état
démocratique» (cf. Vigile.quebec 14-02-2002 http://vigile.net/archives/ds-deshaies/docs/02-2-14.html et
aussi «Treize leçons sur l’indépendance et l’interdépendance», LEÇON -M-, p. 68.
http://www.rond-point.qc.ca/blog/media/Treize-Lecons.version_2015-07-26_FINAL_LRPSCH.pdf Dans cette foulée, j’aimerais rappeler les
deux extraits du livre de Galbraith, Pour
une société meilleure (1997)[4].
Personne n’aime
admettre que son bien-être personnel puisse entrer en conflit avec celui du
plus grand nombre. Mettre alors au point
une idéologie plausible, ou du moins relativement acceptable, afin de défendre
sa propre position est donc une démarche des plus naturelles. Il existera toujours une armée de brillants
et talentueux « artisans » pour accomplir cette tâche (p. 16).
[...] la bonne
société échoue, là où la démocratie échoue (p. 160).
Sous un autre angle, dans la même série de chroniques, on
trouve la Position 10 : «L’état indépendant et le bien commun. Prévoir
l’harmonie interne et collaborer avec les autres États.» http://vigile.net/archives/01-6/deshaies-57.html
INDÉPENDANCE : POUR OU CONTRE ?
Vigile.quebec, 10.06.2001 et dans «Treize leçons sur l’indépendance et
l’interdépendance » (cf. LEÇON -J-). http://www.rond-point.qc.ca/blog/media/Treize-Lecons.version_2015-07-26_FINAL_LRPSCH.pdf
Voici la phrase de Myriam
Revault d’Allonnes que j’ai mise en
exergue pour cette Leçon :
Si nos sociétés sont construites sur la pluralité irréductible
des individus et de leur liberté infinie, nous ne pouvons plus vouloir de bien commun. L'accord de tous les individus sur une unique fin est inconcevable[5].
Le même dilemme se
pose dans le cas des valeurs. À la limite, il peut soulever des problèmes inextricables
entre le politique et les Églises ou les religions et les croyances. L’important consiste à distinguer quatre
notions : le public et le privé, l’État et l’Église. Au-delà des luttes sociales, la lutte
indépendantiste est NATIONALE.
Voici un extrait de cette chronique.
La commune
origine, la commune langue, tout comme l’occupation d’un même territoire ainsi
que l’intégration de la société et l’intégration à la commune société ou
d’accueil sont des réalités que tous les Québécois doivent partager entre eux.
Le bien commun de la nation québécoise concerne le sort de toutes les personnes
sur la base de l’égalité de droit pour tous, du fonctionnement du régime
démocratique où les notions de public et de privé doivent être reconnues et
respectées comme "accord commun" intangible. Le « public »
est du domaine civil qui implique son poids de contraintes, inévitables, dans
la vie collective d’une société et sur les individus. Pour sa part, le
« privé » inclut tout ce qui est intime ou d’ordre strictement personnel
ou qui ne concerne pas directement les autres. C’est l’affaire de chacun,
individuellement, chez lui, ou comme on dit souvent : «C’est sa vie privée[6].»
Multiculturalisme,
fédéralisme, souveraineté et société nationale font partie du débat de
l’indépendance du Québec comme telle ainsi que la question de démocratie. Les règles démocratiques sont reconnues par
les Québécois. Le républicanisme n’est
qu’une formule pour désigner un type de fonctionnement démocratique. Préalablement aux caractéristiques de
fonctionnement de l’État, les Québécois doivent prendre position d’abord pour
l’indépendance politique du Québec[7].
Finalement. J’aimerais revenir sur l’idée d’un accord
commun en société (cf. note 1 supra).
L’historien Maurice
Séguin attire notre attention sur le fait que tout citoyen confronté à l’Actuel
«se rapporte nécessairement à une conception générale de la situation
[…] du milieu où il vit»[8]. Il s’explique :
Tout citoyen, dans l’appréciation des
événements quotidiens, se rapporte nécessairement à une conception générale de
la situation politique, économique, culturelle ou sociale du milieu où il
vit. Obligé de se prononcer fréquemment
sur ces questions fondamentales, il ne saurait éviter de recourir à une
explication historique. De sorte que la haute histoire des phénomènes
primordiaux est en
définitive, pour ceux qui ne sont pas des professionnels de l’histoire, la
seule histoire importante et irremplaçable.
Le pragmatisme dont
fait preuve Maurice Séguin n’est pas indissociable de l’analyse de la philosophe
Joëlle Zask qui s’inspire de John Dewey.
La citoyenneté entre dans le champ de l’opinion publique. Le citoyen qui fait partie de l’électorat
n’est pas complètement dupe. Il a «une conception générale de la situation» et
«il ne saurait éviter de recourir à une explication historique». Il est à sa façon un «enquêteur» qui
est lui-même «enquêté» par les gouvernements et les partis politiques. Et en tant que consommateur, il est bombardé
par la publicité. L’équation dans les
deux cas, est particulièrement complexe.
L’électorat, comme on le sait, est volatile ; de même pour le
contribuable ou le consommateur qui ne sont pas moins capricieux. Sur les deux plans, le sujet politique et le
sujet économique, sont dans le même statut d’enquêté et d’enquêteurs.
Joëlle Zask expose
son explication sur le sujet politique :
Défini comme
l’ensemble des personnes affectées, un public est d’abord passif. Surmonter
cette passivité est la tâche qui lui incombe avant toute autre. La disparité
des éléments qui le constituent n’est surmontable qu’à travers une action
effective et organisée. Cette disparité est d’autant plus importante qu’avec
l’industrialisation, la guerre mondiale, un marché de plus en plus
international, l’interdépendance des activités tend à devenir planétaire. Les
conséquences dont se ressentent les individus jusque dans le détail de leur vie
proviennent d’activités dont l’origine est aussi éloignée que confuse. Pour Dewey, l’opinion publique est un
jugement du public portant sur les affaires publiques. Par l’entremise de
cette opinion, les personnes concernées localisent leurs intérêts communs et en
assurent la publicité de sorte que les activités qui leur portent préjudice
soient réglementées par les institutions mandatées à cet effet. Or le public
passif est si dispersé, si vaste et chaotique, ses membres sont affectés par
des influences si variées qu’il lui devient impossible de « s’identifier
lui-même » (cf. note no 1, segment no 27).
Tout un chacun de nous porte des jugements.
L’enquêteur enquêté
est aussi celui qui enquête. Il se pose
des questions sur leurs gouvernements et leurs représentants politiques. Si les objectifs de «faire du Québec un pays»
et aussi «réussir» sont réalistes, le Parti québécois doit s’interroger sur la
réaction des «enquêteurs». Une politique
publique de l’indépendance ne peut ignorer d’aucune façon cette condition de la
vie en société. Le «beau risque» a échoué et l’après référendum de 1995
n’augure rien de mieux. Et vingt années
plus tard, «toujours deux Canadas qui ne peuvent se fusionner»[9].
Les
indépendantistes-péquistes solidaires du PQ doivent réaliser qu’un «enquêteur»
les guette − consciemment ou inconsciemment. Il est à la fois un sujet passif et un sujet actif. Comment faire pour
que le sujet «passif» devienne un sujet «actif» qui lui soit
favorable ? C’est le plus lourd
défi de monsieur Pierre Karl Péladeau et du Bloc Québécois à reprendre du galon
à Ottawa. Tous les deux n’ont aucune
marge d’erreur. L’indépendance se
prépare ; elle ne s’improvise pas. Le
chef du Parti indépendantiste, en particulier, devra faire la différence entre
les hâbleurs et les combattants fervents. Le DÉFI de l’opinion publique est
plus indicible qu’on ne pourrait l’imaginer.
Le travail de sape doit commencer par alimenter le désir du changement
vers l’indépendance politique du Québec.
La valuation de l’indépendance dans l’opinion publique devrait conduire
le public vers un jugement favorable envers ce choix collectif comme étant la
fin-en-vue acceptable et honorante individuellement et collectivement. Ce sera
le résultat d’avoir comblé un désir et d’avoir surmonté les difficultés pour y
parvenir avec succès.
«Quand
les choses suivent leur cours sans rencontrer de difficultés,
aucun
désir n’émerge et aucune occasion ne se présente
de
projeter des fins-en-vue[10].»
(John
Dewey, 1939)
Comme
nous le rappelait Bernard Frappier, la troisième étape de la lutte nationale
doit viser à ÊTRE, donc à EXISTER, c’est-à-dire VIVRE (avec tous les éléments
nécessaires à la vie). Dixit Bernard Frappier :
Nous avons résisté (survivance)
Nous avons insisté (partenariat)
Nous allons exister (indépendance)
(30)
(*) Chronique précédente :
INDÉPENDANCE
POLITIQUE DU QUÉBEC 432
Retour sur
l’épisode du « beau risque » en 1984 et ses suites
[1] Ou, autrement dit, un
«accord commun en société» ou même une «union sociale plurielle». http://tr.revues.org/753 L’article de la philosophe Joëlle ZASK, «Le public
chez Dewey : une union sociale plurielle», serait pour nous une excellente
source de réflexion. Publié dans un collectif intitulé Pragmatismes (voir la
Revue de sciences humaines, Tracés,
15/2008 : p. 169-189. Résumé. La
citoyenneté est une institution problématique. Au cours de l’histoire, le
citoyen se voit tiraillé entre deux exigences : [1] participer ou [2] acquérir
les compétences requises pour juger
correctement des affaires communes. Le but de cet article est de montrer
que seul un accord social fondé sur la
pluralité des voix peut assurer une coordination entre ces deux exigences.
On trouve dans la philosophie de John Dewey un bon exemple de combinaison [1] entre le fait de prendre part et
[2] celui de développer une opinion publique véritable : le « public » est présenté comme une communauté d’enquêteurs. Afin
d’insister sur l’originalité de cette conception, on distinguera le « public »
des formes d’union fondées sur l’identité de leurs membres, tels la « masse »
ou le «peuple».
[2] Voici la réponse de
Danic Parenteau : «L’indépendance du Québec doit marquer une rupture avec
le présent ordre économique canadien et l’instauration d’un système politique
plus à même d’incarner une certaine vision sociale. (p. 158-159)» Quant à
l’indépendance, voici ce qu’il suggère : «La démarche que nous proposons
est tout autre chose [que les «demandent traditionnelles du Québec»],
puisqu’elle vise à aménager le peuple québécois, réuni en assemblée
constituante, à se doter de sa propre constitution politique. (p. 185)» Pour la
souveraineté de l’État du Québec, doit-on penser que ce sera dans la semaine
des quatre jeudis ?
[3] Bruno Deshaies, «Position 10 : L’état
indépendant et le bien commun. Prévoir l’harmonie interne et collaborer avec
les autres États.» INDÉPENDANCE : POUR
OU CONTRE ? Vigile.quebec, 10.06.2001 http://vigile.net/archives/01-6/deshaies-57.html ou «Treize leçons sur
l’indépendance et l’interdépendance » (cf. LEÇONS -D- et -J-).
[4] Traduit de l’américain
par Jean-Michel Béhar, Paris, Seuil, 1997, 160 p. Titre original : The Good Society : The Humane Agenda. Une sorte de programme
pour l’humanité dans la perspective du sujet économique.
[5] «La question du bien
commun est-elle relative à la politique ?» Dans Les Nouvelles d’Archimède
(mars avril 2000), no 23, p. 15). http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna23.pdf Site consulté le 25
juillet 2015.
[6] «Des
valeurs, de la société et de la pluralité des individus. « Loi
divine » ou « loi civile » ? http://service.vigile.quebec/Des-valeurs-de-la-societe-et-de-la Dans Vigile.quebec,
jeudi 19 décembre 2013. 486 visites + 2 messages. Consulté le 3 août 2015.
[7] Cf. LEÇON -A- : «Prendre position d’abord» dans «Treize leçons sur l’indépendance
et l’interdépendance.»
[8] Dans Les Normes : Introduction, division 0.2 :
«Importance de la grande histoire». Les
éditeurs de cet ouvrage, Robert Comeau et Pierre Tousignant ont modifié le mot
«rapporte» par celui de «reporte». Nous maintenons, comme l’auteur du
tapuscrit, le sens du mot «rapporte» d’un point de vue logique, c’est-à-dire
d’établir entre un objet de pensée et un autre un lien mettant en évidence leur
dépendance. Pour reprendre le langage de
John Dewey, «tout citoyen» est un «enquêteur» et un «enquêté».
[9] Maurice Séguin, «La
notion d’indépendance dans l’histoire du Canada.» Montréal, juin 1956. Dans Les Normes (tapuscrit 1965-1966). Lire la suite… http://www.rond-point.qc.ca/rond-point/histoire/seguin/la-notion-dindependance-dans-lhistoire-du-canada/ Soixante années plus tard
qui peut mettre en doute cette évidence. Voilà ce que nous apprend, sans
prétention ni prévention, la Grande
histoire des deux Canadas.
[10] John Dewey, « La théorie de la valuation.»
(Segment no 2) dans Tracés. Revue de
Sciences humaines, 15/2008, mis en ligne le 01 décembre 2010, consulté le 26
juillet 2015. http://traces.revues.org/833 Dewey fait la
distinction entre la fin ou la conséquence [autrement dit «les objets pris
comme fin»] et la fin-en-vue. Dewey
dixit : «La fin ou la conséquence
atteinte est toujours une organisation d’activités, en entendant par
organisation la coordination de toutes les activités intervenant comme facteurs
[autrement dit, ce qui entraîne la fin atteinte]. La fin-en-vue est l’activité
particulière qui œuvre comme un facteur de coordination de toutes les autres
sous-activités engagées. (Segment no 18) » Il précise ensuite : «Il
n’y a rien d’étrange ni de paradoxal dans l’existence de situations où les
moyens entrent dans la constitution même des objets de fin qu’elles ont
contribué à faire advenir : bien au contraire, de telles situations se
présentent chaque fois qu’un comportement réussit à projeter intelligemment des
fins-en-vue, orientant l’activité vers la résolution du problème
antécédent. Ce sont les cas où les fins et les moyens se séparent qui sont anormaux
et s’écartent d’une activité conduite par l’intelligence. (Segment no 19)»
Dans la situation actuelle du Québec, l’indépendance pour les Québécois et le Québec, c’est la fin-en-vue (ou la fin
visée). Le
continuum de la fin et des moyens est indissoluble, car les moyens s’ajustent â
«l’activité vers la résolution du
problème antécédent» puisque «les moyens entrent dans la constitution même des
objets de fin qu’elles ont contribué à faire advenir». En ce sens, la
souveraineté du peuple qui conduirait à l’indépendance du Québec ne peut pas
être désorientée vers le républicanisme qui n’est pas la fin-en-vue mais la
valuation d’une autre fin ou conséquence, soit d’un autre objet pris comme
fin. Dans cet ordre d’idées, le
cheminement des indépendantistes ou souverainistes subit de nombreuses
dérivations idéologiques. Au plan
historique, force est de constater que mettre le cap sur l’indépendance n’est
pas une évidence en tant que fin-en-vue. La dispersion des forces
souverainistes autour de la fin visée est manifeste. D’où l’éclatement,
l’écartèlement, l’émiettement et même l’épuisement du sujet collectif national. Est-il encore possible de réunir les
Québécois sur l’«accord commun en société» de l’indépendance sans broncher ?
2 commentaires:
«…faire ce qu’il y a à faire, oui, oui, « à faire »…» (Dixit Marcel Haché [1])
Les indépendantistes-péquistes ne savent pas comment faire parce qu’ils ne savent pas quoi faire. Ce mal ronge encore les indépendantistes-péquistes.
La rhétorique souverainiste est connue. Nous sommes après l’échec de 1995 et de toutes les difficultés intrinsèques de fonctionnement des indépendantistes-péquistes. Le redressement doit venir au sein de ce parti avec l’aide d’une élite d’indépendantistes qui aura le courage de penser dans l’optique indépendantiste. Il faut parler de l’indépendance politique du Québec et non de républicanisme et de constituante et encore moins de se satisfaire du référendisme. Ce sont toutes des panacées de la politique indépendantiste. Es-tu pour ou es-tu contre ? Et, en plus, chacun à son «pays» intérieur à soi. Toute cette situation nous conduit sur des dérives non maîtrisables. Pourquoi ? Parce que la fin-en-vue n’est pas la même pour chacun. Finalement, ce ne sont que des apparences pour ne pas dire des mirages ou des illusions séduisantes.
Pourtant, le Québec est vivant. C’est avec toutes ses ressources misent en œuvre que le changement fondamental sera possible. Le public doit être touché par la sincérité, la ferveur et l’ambition des indépendantistes d’atteindre la fin-en-vue. Il faut une propagation de la pensée politique indépendantiste auprès du public et dans l’opinion publique pour «faire ce qu’il y a à faire ».
Actuellement, nous connaissons une censure de la pensée indépendantiste. On ne parvient pas à parler au public de l’indépendance politique. Plutôt, l’élite souverainiste ne cesse de proposer des «trucs» pour faire la souveraineté facile sans un État souverain. Ce biais nous conduit à la souveraineté rampante du concept d’État-nation. Cette orientation est mortifère (p. ex. : Jacques Beauchemin, La Souveraineté en héritage).
Espérons que les forces indépendantistes reconnaîtront de la même façon la fin-en-vue désirée le plus tôt possible. Le mal n’est pas dans l’évolution du fédéralisme pancanadien, il est in se dans l’annexion à la fédération canadienne. Cet empire est un trompe-l’œil pour les Québécois, souverainistes ou fédéralistes. Il faut se débarrasser de ce mirage et de toutes autres illusions séduisantes.
______________________________
(1) En effet, il y a quelque chose d’urgent «à faire», mais «quoi faire ?» Pour cela, il faut savoir ce que c’est que l’indépendance politique complète pour en discuter sereinement et l’expliquer au public québécois en s’appuyant sur les fondements même de la démocratie et du désir de se gouverner soi-même sans l’interposition d’un autre État dominant qui agit à notre place.
LE BIEN COMMUN ET L’INTÉRÊT GÉNÉRAL
INDÉPENDANCE : POUR OU CONTRE ?
POSITION 10 : L’ÉTAT INDÉPENDANT ET LE BIEN COMMUN
Prévoir l’harmonie interne et collaborer avec les autres États
Bruno Deshaies
Vigile.quebec, 1.06.2001 http://vigile.net/archives/01-6/deshaies-57.html
Cette Position 10 fait partie des «Treize leçons sur l'indépendance et l'interdépendance. Indépendance POLITIQUE du Québec» (cf. Leçon «J»). Source: http://www.rond-point.qc.ca/blog/media/Treize-Lecons.version_2015-07-26_FINAL_LRPSCH.pdf
Au sait que le bien commun pour le Canada-Anglais, c'est le multiculturalisme sans restriction. Il faut revoir cette option dans l'optique de l'enquêteur et de l'enquêté en démocratie et du public québécois (cf. «L’horrible multiculturalisme canadien…» http://blogscienceshumaines.blogspot.ca/). Et dans ce cas, pour le Canada-Anglais, le bien commun se confond avec l'intérêt général.
Pour Danic Parenteau: «Cette notion [de l'intérêt général] symbolise la volonté collective du peuple saisi comme une totalité de sens.» (Cf. L'Indépendance par la République,2015, p.75-78.)
Oups ! Le problème au Canada, c’est justement que «deux volontés de sens» se confrontent continuellement depuis 1760. Sauf que depuis 1760, l’une des deux parties domine l’autre. Le casse-tête du bien commun et de l’intérêt général pose un problème sérieux pour le Québec vis-à-vis du Canada-Anglais et de l’État fédérant canadian. Le Bloc Québécois doit en savoir quelque chose.
Comprenons-nous bien. Le bien commun ne peut pas être distinct de l’intérêt général. Car l’intérêt général doit s’appuyer sur le bien commun national. C’est ce qu’a fait le père de Justin Trudeau avec la Charte des droits et libertés du C-A-N-A-D-A (1982). Foin du Québec! René Lévesque en a payé le prix. Il s’est orienté vers le «beau risque». Ce fut la crise au PQ en 1984-1985.
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