mercredi 16 juillet 2008

L’indépendance constitue le pare-feu par excellence contre la subordination politique sur place dans le fédéralisme

Le cadre fédéral n’est pas immuable. Toutefois, les prétentions des Québécois à vouloir modifier le cadre constitutionnel de 1867 (qui est le prolongement de 1840) les obligent à préparer des opérations politiques largement plus étendues que de s’engager dans un exercice pédagogique qui les soulagerait du mal du centralisme canadian par l’illusion de la rédaction d’une constitution provinciale.

Il faut se donner la peine de lire les débats parlementaires sur la constitution en 1864-1865 au Canada pour réaliser que la centralisation n’est pas un effet de l’évolution historique du Canada mais bel et bien une condition in se de la constitution canadienne. Par conséquent, nous assistons depuis 1867 à la manifestation d’un gouvernement canadian et du Canada-Anglais à confirmer et à défendre ce fondement de la constitution canadienne. « Le Québec, comme l’avait déclaré en 1954 Louis Stephen St-Laurent, est une province comme les autres.» Il ne faisait rien d’autres que de proclamer que le gouvernement canadien possède toutes les compétences qui lui permettent d’agir en tant que gouvernement central et qu’il n’était pas l’émanation de pouvoirs accordés par les États locaux ou régionaux à l’État central. Ce n’est ni le contenu ni l’esprit du B.N.A. Act.

« Seul un changement révolutionnaire du statut politique du Québec peut apporter un changement fondamental. »

La « conception administrative du fédéralisme » de l’État canadien n’est pas la principale cause des déboires des souverainistes. Leur principale erreur, c’est qu’ils ne croient pas que le MAL réside dans la constitution canadienne elle-même. Ce n'est donc pas, par exemple, un problème uniquement de déséquilibre fiscal. Seul un changement révolutionnaire du statut politique du Québec peut apporter un changement fondamental. Trop souvent, les réformistes fédéralistes ou souverainistes sont des partisans inconscients du régime fédéral canadien. Ils raisonnent tous les deux dans l’optique fédéraliste. D’où l’embarras et l’ennui de la population québécoise devant autant de confusion. Il y a un malaise profond que les chefs péquistes et bloquistes ainsi que l’élite souverainiste ne parviennent pas à transformer.

Pour ceux qui aimeraient voir le problème du fédéralisme canadien dans l’optique indépendantiste, je leur suggérerais de lire les deux leçons de Maurice Séguin consacrées à l’étude de la « Création du Dominion of Canada 1864-1867» (Leçon XV) et « Le Canada, le Québec et l’Empire 1867-1960» (Leçon XVI) dans Histoire de deux nationalismes au Canada (Montréal, Guérin Éditeur, 1997). Rien n’a changé depuis dans le fonctionnement du fédéralisme canadien.

Les Québécois sont programmés pour penser dans l’optique fédéraliste au lieu que dans l’optique indépendantiste. Cette conclusion n’exclut pas les autres dangers qui guettent le PI pour faire l’indépendance du Québec. Pour réaliser l’indépendance du Québec, les Québécois ont absolument besoin de se déprogrammer ainsi que de décrocher complètement de l’optique fédéraliste. En d’autres termes, les Québécois doivent cesser d'avoir un lien d'attachement, de dépendance ou d’intérêt comme état provincial au sein du Canada-Anglais sous quelque forme que soit cette annexion (par ex. : souveraineté-association, partenariat, état autonome, fédéralisme décentralisé, etc.). Adieu à tous ces mythes fédéralistes. Le vrai fédéralisme existe, bien sûr, mais il est par essence centralisateur.


Bruno Deshaies

Montréal, 16 juillet 2008

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